Lancée à Lyon lors du 1er confinement, l’initiative a égrené dans les grandes villes. Elle réunit toutes les bonnes volontés, désireuses de se mobiliser en faveur des plus démunis. Cuisiner et distribuer des plats chauds aux sans-abris est l’objectif de ce mouvement. À Bordeaux et à Bacalan, cela prend de l’ampleur.
Gaëlle, habitante du quartier m’appelle pour me demander de bien vouloir l’aider à préparer des kits d’hygiène. On se retrouve dans son garage et on prépare une cinquantaine de sacs, avec des mouchoirs, du gel douche, des rasoirs, des slips, des chaussettes… Puis arrivent Lisa et Xavier, deux citoyens engagés dans le mouvement ; ils récupèrent les sacs pour les distribuer en suivant avec les repas chauds du Bar de la Marine et du Garage Moderne. Waouhh quelle organisation, je suis séduite !
Il y a les cuisiniers, cela peut être n’importe qui, vous, moi… quand on prépare à manger pour sa famille, on prévoit un peu plus. On peut ensuite glisser un petit mot, un dessin des enfants, un petit truc en plus. Une fois les paniers-repas préparés les livreurs à vélo prennent le relais et sillonnent la ville pour les distribuer.
Frédérique, 54 ans, Bacalan : « Lors du 1er confinement, les mesures sanitaires très strictes n’ont jamais considéré les « enfermés dehors ». J’ai très vite compris que l’enfer qu’est leur vie allait devenir pire que tout : plus personne dans les rues, impossibilité de faire la manche, plus de maraudes d’associations… laissés totalement à l’abandon.
Lorsque, sur les réseaux sociaux, j’ai vu qu’une mobilisation s’organisait pour leur venir en aide via la plateforme « pour eux », j’ai de suite voulu participer. J’ai confectionné des douceurs, des choses qu’on considère comme non essentielles, superflues, mais qui apportent un peu de réconfort… J’ai adoré les présenter comme des cadeaux. Pour ces réalisations, j’ai reçu l’aide de Davy, un ancien SDF qui souhaitait apporter du réconfort à ses ex compagnons de galère… Davy adore cuisiner et du coup il s’est mis à confectionner des gâteaux… »
Gaëlle, … ans, Bacalan : « Ce qui me plaît le plus, c’est l’ambiance qui règne : pas de gestion pyramidale (chacun est responsable de son temps, de son investissement, de ses choix). Quel bonheur de croiser les sourires de nos cyclistes bénévoles, toujours la banane ceux-là, et voir les photos des bénéficiaires avec nos petits plats, c’est vraiment très gratifiant.
Une fois par an, grâce à notre statut de chef d’entreprise, nous aidons une ou deux associations. Cette année, nous avons décidé d’offrir 50 kits d’hygiène, des sous-vêtements, serviettes et gants de toilettes ainsi que des habits de pluie. Quelle belle aventure ! »
Thomas, 31 ans, Talence : « J’ai connu le mouvement par ma mère, qui cuisinait des plats pour les sans-abris pendant le premier confinement. Étant actuellement sans emploi avec du temps à donner, j’ai décidé de rejoindre le mouvement en intégrant la team « livreur à vélo ». C’est un petit investissement, à la portée de tous, on vient quand on a du temps et c’est très enrichissant. »
Aude, 40 ans, Caudéran : « J’ai d’abord cuisiné lors du 1er confinement et aujourd’hui je livre les paniers-repas avec mon fils Yoann de 11 ans. Cela fait du bien de se sentir utile et de rendre les gens heureux. Cela nous permet de rencontrer du monde, on noue un lien de confiance avec les sans-abris et certains deviennent des potes. »
Jérémy, 30 ans, bénéficiaire « Je suis à la manche et j’ai profité des paniers-repas. Depuis qu’on m’a trouvé un vélo j’aide à la distribution, cela me fait bouger, je vois du monde, cela me plait »
Anne-Sophie, 42 ans, Bordeaux : « On aimerait pérenniser le mouvement et pour cela il faut développer les partenariats avec les restaurants solidaires, par exemple pour les invendus. Ce que je souhaite mettre en avant – car parfois l’engagement fait peur -, c’est que dans ce mouvement, l’engagement est flexible, on peut aider une fois ou tous les jours peu importe, on reste libre ! »
Pour participer, RDV sur le site www.poureuxlemouv.com ou la page Facebook.
Stéphanie BAUTRAIT
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