Retour sur une longue mobilisation pour maintenir l’activité navale aux BAF.
Christian Galatrie : Vie et Travail défend depuis longtemps la possibilité d’une industrie navale aux Bassins à flot. Pourquoi ?
Jeanine Broucas : L’association existe depuis 35 ans. Elle agit pour la défense, le développement de l’emploi et l’amélioration du cadre de vie dans le quartier. L’activité navale est, il est vrai, restée longtemps en sommeil, mais ce n’est pas une raison pour sacrifier les infrastructures des BAF, qui peuvent avoir un avenir et permettre le développement d’activités et d’emplois. Vingt ans de mobilisation ne doivent pas avoir servi à rien.
CG : Quelles ont été les étapes de cette mobilisation ?
JB : C’est en 2002 que tout a commencé pour sauver la grande écluse. Il y a eu un premier projet d’aménagement des BAF : le projet Grumbach du nom de son architecte. Il prévoyait une zone d’aménagement concertée (ZAC) avec une mixité : entreprises et logements. Grumbach ne voulait utiliser ni le plan d’eau, ni les formes de radoub. Partant de là, les écluses risquaient la démolition.
CG : Il y a eu également la question du tram ?
JB : Effectivement à l‘origine, il était prévu d’arrêter la ligne B à Bassins à flot. C’était inacceptable pour les Bacalanais. Pour toutes ces raisons, un collectif d’associations et d’habitants s’était crée, qui réunissait l’ADIQB (Association de Défense des Intérêts du Quartier de Bacalan), les usagers du port (l’AUBAF, le Lagon Bleu), Vie et Travail et beaucoup d’autres associations et soutiens, quasiment tout le quartier. Il a fallu beaucoup d’initiatives, d’actions, de rencontres avec la Mairie, la CUB et tous les acteurs, pour parvenir à renverser ces décisions.
CG : Arrive ensuite le projet Michelin ?
JB : Oui, le maintien de la grande écluse. Et la possibilité d’activités sur les BAF est acquise en 2006. Pas complètement d’ailleurs, puisque nous défendions également le pont du Pertuis, classé « patrimoine remarquable » qui a été détruit en catimini entre Noël 2006 et le 1er janvier 2007. Michelin ne voulait pas entendre parler d’activités navales. Nous avons continué à faire pression, car il fallait du logement, mais il fallait des emplois, et pas seulement des emplois tertiaires. Au final, après beaucoup de tergiversations, Juppé a fini par en accepter le principe, à condition que les activités sur les bassins soient non polluantes et compatibles avec l’habitat environnant en devenir.
CG : Il y a une dizaine d’années un « cluster d’entreprises de refit » s’est créé, qui promettait des centaines d’emplois qu’on n’a jamais vus ? On a assisté au contraire à la fermeture d’ARMI ?
JB : Effectivement, mais le potentiel des infrastructures demeure. Dans un communiqué, nous avons écrit récemment qu’il ne fallait pas insulter l’avenir. Il y a probablement des perspectives autour de la relance d’activités fluviales que nous soutenons. Il doit être possible de concilier celles-ci avec les espaces verts et la promenade dont nous avons tous besoins : riverains des BAF et habitants du quartier.
Christian Galatrie
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