Les résidents de cet établissement pour personnes âgées autonomes, sont sommés de quitter leur logement, pour rejoindre un immeuble neuf du quartier Aubiers-Ginko, à partir de janvier 2023.
Une décision incompréhensible
L’ancienne municipalité avait déjà envisagé ce transfert en 2018, avant de se raviser pour cause de Covid et peut être de proximité électorale ? Nicolas Florian ancien Maire, vient d’ailleurs d’adresser un – succulent – courrier aux résidents, dans lequel il les informe de sa demande faite au nouveau Maire Pierre Hurmic, de renoncer à ce projet… Les résidents n’y comprennent plus rien. Raba Sakki habitant depuis 4 ans, dit son sentiment d’être traité comme un objet : « on ne nous dit pas la vérité, c’est sûrement une histoire de gros sous ! ». Le motif de rénovation de la résidence invoqué pour leur départ, ne convainc personne. Annie Maisonnave (ancienne présidente de l’association Gargantua) résidente depuis peu, considère qu’il doit y avoir des solutions pour rénover sans expulser : « La Cité Claveau a bien été rénovée par deux fois, sans que les gens partent ». Ce qui trouble également les résidents, c’est leur remplacement par les personnes âgées de la résidence du Cours Alsace Lorraine, celle-ci devant être également rénovée. « Pourquoi ne pas envoyer les gens d’Alsace Lorraine aux Aubiers, pourquoi nous ? » interrogent-ils judicieusement ?
Des logements et un environnement inadaptés à leur besoin
Pour Michel Cousiney habitant depuis 22 ans, partir est un déchirement : « Ici nous sommes dans un parc arboré. Dans un rayon de cent mètres nous avons le boulanger, le boucher, la bibliothèque, Lidl, la poste où nous pouvons aller retirer de l’argent en toute sécurité. Là bas, il y a rien autour, et la poste a fermé aux Aubiers. Comment on va faire ? ». C’est leur village qu’ils disent perdre. La quasi-totalité des habitants sont Bacalanais ou ont leur famille dans le quartier, ce qui va compliquer la vie de tous. On sent le dépit parmi la dizaine de personnes présentes.
Les logements qui leur sont promis ne sont pas conçus disent-ils pour une résidence de personnes âgées. Ce sont trois étages (du 3ème au 6ème) qui leur sont réservés. Annie Maisonnave explique l’importance des coursives de la Lumineuse.
« C’est un lieu de vie, où l’on peut sortir quand il fait mauvais, où l’on se rencontre. On voit vite s’il y a quelque chose d’anormal chez quelqu’un. Là bas on sera enfermé dans les appartements, les couloirs ne sont pas des lieux de vie ». Lina Corrias dénonce le fait qu’elle ne pourra pas amener ses meubles à Ginko : « Il y a des ouvertures sur trois cotés de la pièce de vie, et un radiateur sur le 4ème. Comment on meuble ? » Raba Saaki acquiesce : « Ici nous avons un cellier, pas là bas ». Il rajoute la voix pleine d’émotion : « Ces gens là ne savent pas que nous avons eu une vie avant. Je suis veuf et j’ai acquis ces meubles avec mon épouse. Ces meubles j’y tiens plus que tout, c’est ma vie ».
Lourde responsabilité
La nécessité de rénover un bâtiment qui date des années 70 n’est pas contestable, mais il doit y avoir des solutions et des conditions pour concilier celles-ci avec l’intérêt des résidents. La vieillesse selon les spécialistes est un processus de fragilisation, une sorte d’équilibre précaire qui peut être rompu à tout moment, dès lors qu’intervient un évènement : une perte de repères, un changement d’environnement, un entourage affectif modifié et d’autres causes. Les responsables de ces changements d’habitat, seraient bien inspirés d’appréhender cet aspect des choses, tant les ingrédients de ces risques s’inscrivent dans ce type d’opération. Les Résidents rencontrés sont unanimes, ils ne veulent pas partir et en appellent aux élus et aux associations du quartier qu’ils aimeraient voir prendre leur défense.
Propos recueillis par Christian Galatrie
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