Alors que l’histoire est à l’honneur en cette période d’anniversaire, les associations et acteurs sociaux du quartier déplorent le départ d’une figure bacalanaise. Frédéric Régi, Fred pour les intimes – et tout le monde d’ailleurs –, quitte ses fonctions à la mairie de Bordeaux pour s’engager dans une nouvelle aventure personnelle loin de notre bonne ville et de sa patrie d’adoption, Bacalan. Retour sur 14 années passées au service d’un quartier et de ses habitants.
«Bacalan c’est un village, un quartier chargé d’histoire, riche d’un passé ouvrier qui est resté. C’est une terre d’accueil et de solidarité, un quartier populaire au sens noble du terme où on ne laisse personne dans la galère.» C’est ainsi que Fred Régi, décrit notre quartier.
« J’ai passé 33 ans en quartier prioritaire et c’est ici que j’ai découvert les plus belles énergies. C’est une terre particulière» conclut-il. Et on peut lui faire confiance. Depuis le 1er juin 2009, Fred, tel qu’il est connu dans le quartier, est chef de projet territorial pour Bordeaux Maritime au sein du Service du développement social urbain de la ville de Bordeaux. C’est-à-dire qu’il est l’interlocuteur de tous les acteurs du quartier et du conseil citoyen au titre de la Politique de la Ville.
Qu’est-ce que la Politique de la Ville me direz-vous et à plus forte raison le service qui en a la charge à Bordeaux ? «C’est un peu le poil à gratter de l’institution» explique Fred. « Présents en immersion dans les quartiers prioritaires, nous faisons le lien entre le Droit commun (N.d.A. les services d’une collectivité ou de l’État qui financent le sport, la culture, la sécurité, etc.) et les besoins spécifiques des territoires. » Pourquoi y être venu ? «Au travers de mon métier, je cherche à apporter aux associations et aux initiatives d’habitants l’accompagnement que je souhaitais avoir lorsque j’étais moi-même directeur d’association à Bègles dans les années 1990/2000.»
Mais même ici, Bacalan fait figure d’exception. «À Bacalan, personne n’attend la puissance publique, on la chahute même. Les habitants font, les acteurs associatifs n’attendent pas la commande. Il y a dans ce quartier une forte réactivité, une étonnante capacité d’adaptation.» D’après Fred, le Journal Bacalan incarne bien cette posture citoyenne si particulière au quartier. «Depuis mes débuts dans le quartier, je me rappelle, le journal est en partie financé par la mairie; pour autant, il l’interroge régulièrement comme par exemple avec le pont tournant pour le tramway ou la réhabilitation des Bassins à flot. Les inquiétudes qui apparaissaient dans le dossier central dédié se sont toutes matérialisées avec les années.»
D’où vient cet esprit, cette identité toute bacalanaise ? Une forme de paradoxe originel.
« Bacalan, par rapport à Bordeaux, c’est le bout du bout, la fin de voie. Mais vis-à-vis du reste du monde, du Médoc à l’Espagne, c’est une porte d’entrée. Urbanistiquement, les années Chaban ont été marquées par un isolement relatif des quartiers nord de Bordeaux. » Ce qui a permis au quartier de conserver une forme d’autonomie, de vie autarcique par rapport au reste de l’agglomération bordelaise, explique-t-il. «Mais dans le même temps, c’est à Bacalan que s’est créé le festival Nomades, que l’on trouve les descendants des réfugiés républicains espagnols ou que de nombreuses communautés se sont implantées. C’est une terre d’accueil, interculturelle.»
Et demain ? «Je quitte Bacalan, mais je resterai bacalanais de cœur.» précise Fred. «La dynamique associative bacalanaise, avec laquelle je resterai en contact quoiqu’il arrive, est une source d’inspiration pour mon futur projet et c’est elle qui a contribué à mon envie de repartir vers le monde associatif. »
Laurent GIRARDEAU
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