Bourguignonne de naissance, Gaëlle est arrivée à Bordeaux en 1998 et n’est jamais repartie, elle y a rencontré son mari gersois. Avec sa famille, elle a posé ses valises il y a six ans à Dock Marine, entre Bassins à flot et Bacalan. Elle aime cet entre-deux, elle se sent un pied dans chaque quartier entre une vie active, moderne, connectée et en même temps très ancrée dans le passé. Elle savoure la quiétude et la tranquillité des sentes près de la rue Lucie- Aubrac.
À la tête d’une TPE de charpente bois avec son mari Frédéric, à Arsac dans le Médoc, ils ont d’abord vécu en terre médocaine. Leurs trois enfants grandissant et leurs deux aînés devant être scolarisés à Bordeaux, il a fallu envisager une autre organisation. Au début, Gaëlle s’est partagée entre les deux, mais au bout d’un moment ce n’était plus tenable. Après plusieurs déménagements, l’installation dans le quartier fut une évidence. Ils ont trouvé un logement adapté à leur vie de famille, bien desservi par les transports en commun et proche de l’implantation de leur entreprise. D’abord technique et tactique, leur choix est devenu affectif.
Sa première rencontre avec le « canal historique » bacalanais s’est faite avec Stéphanie Bautrait de la Régie de quartier, dont elle a trouvé les coordonnées en feuilletant le Journal Bacalan. Elle lui a proposé un grand tour des lieux à bicyclette, de Claveau au bord des berges, lui dévoilant les pans un peu secrets, cachés. En intégrant rapidement l’équipe de bénévoles de Gargantua, elle a rencontré les vieux Bacalanais, des gens du cru. Contrairement aux idées reçues et à l’image d’un quartier pauvre confronté à des difficultés sociales, elle a découvert que ce n’était pas que cela, qu’il y avait une vraie mixité, des personnes d’origines sociales très différentes.
Depuis, elle poursuit son « intégration » en siégeant au conseil d’administration de la Régie de quartier et elle y découvre un univers, celui de l’insertion, qui lui était totalement étranger. Elle y fait des rencontres fortes, à l’image de ce jeune migrant, membre de l’équipe, qui a raconté son parcours en chanson… des histoires poignantes de personnes qui sont là et qui ont envie de faire quelque chose.
Elle aime ce quartier pour ses habitants anciens et nouveaux, sa diversité, son dynamisme associatif, culturel, son âme et son histoire. Elle a été adoptée par Bacalan et ne voudrait le quitter pour rien au monde. Très active, elle aime rendre service, dépanner, elle s’implique et s’engage (dans le syndic de copropriété de sa résidence, avec ses publications sur le groupe Facebook privé de Lucie-Aubrac, assiste aux réunions de quartier, aux groupes de travail de la mairie). Avec d’autres habitants, elle a été à l’initiative d’une opération de nettoyage des sentes un dimanche par mois, qui a existé un temps. Chaque année, elle participe activement avec son mari à Nettoyons Bacalan. Elle a fait de la propreté du quartier, en général, et de la lutte contre le dépôt d’ordures sauvage à l’angle des rues Blanqui et Delbos, en particulier, son cheval de bataille. Elle met son dynamisme au service du respect de son cadre de vie et de son environnement.
Quand elle n’arpente pas les sentes, elle apprécie la quiétude du parc des Berges de Garonne, où ils possèdent un carrelet. Elle fréquente le Garage moderne pour son offre culturelle variée et les soirées mensuelles de l’Arche, nouveau tiers-lieu qui fédère les acteurs de l’écologie urbaine à la Cité bleue (zone Achard) : on peut s’y restaurer, s’y désaltérer et écouter de la musique. Elle aime la base sous-marine pour son histoire et ses Bassins des lumières, qui rendent le lieu magique, majestueux, impressionnant. Elle défend l’idée que la culture rend la vie plus belle. Pour elle, proposer du beau devrait être obligatoire.
Elle rêve, peut-être de façon utopique, que le quartier ne fasse qu’un, que chacun dépasse ses a priori et fasse un pas vers l’autre, en allant au- delà des apparences. Il faut arriver à s’écouter à s’entendre. Elle comprend les Balacanais de souche qui veulent préserver l’activité portuaire mais aussi les nouveaux habitants, qui souhaitent vivre aux Bassins à flot en toute sérénité et quiétude, entourés de parcs et jardins. Son monde idéal porterait le nom de Bacalaflot, annonce-t-elle dans un sourire.
Marjorie MICHEL
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