Pierre Pereuilh, mon grand-père était boulanger au 107, rue Delbos. Il était originaire de Lahontan, village du canton de Salies de Béarn. Ses parents avaient une ferme au cœur du village. Il laissa la propriété à son frère cadet pour rejoindre la jeune fille de la ferme voisine, placée à Bordeaux dans une famille bourgeoise, propriétaire de boulangeries.
Il apprit alors le métier de boulanger. Ils se marièrent en 1906 et achetèrent la boulangerie du 107 rue Delbos à Bacalan. Ils eurent deux enfants, dont mon père André qui devint à son tour boulanger.
Lorsque mes grands-parents quittèrent leur activité en 1935, mon père ne put, à son grand désarroi, leur succéder.
Mes grands-parents quittèrent Bacalan pour s’installer à Nansouty, rue Malbec.
Nous habitions rue Bolivar. Mes parents s’occupèrent alors tour à tour de plusieurs commerces dont un de volailles au coin de la rue Blanqui et du Boulevard Brandenburg et de l’épicerie « Aquitaine », rue Blanqui.
Ensuite, nous avons habité la ferme de Bordas et mon père reprit son métier dans une boulangerie à Ravezies.
Avant la guerre, nous quittâmes Bordas pour habiter une maison dont mes parents avaient fait l’acquisition au 29 de la rue de New-York, maison mitoyenne avec l’école de la rue Blanqui…
Mon père travaillait alors à la boulangerie Flament, rue Delbos.
Lors du bombardement de 1944, la maison de la rue de New-York fut anéantie et revendue en l’état. Ne bénéficiant pas des aides à la reconstruction (il aurait fallu que la maison soit entièrement détruite), il ne put entreprendre les travaux nécessaires. Il devint locataire au 13, de la rue Delbos (qui appartenait alors à la famille Flament), jusqu’en 1974.
Lorsque la boulangerie Flament changea de propriétaire, il partit travailler ailleurs, préférant faire des remplacements dans plusieurs quartiers de Bordeaux dont certains sont encore dans ma mémoire : à Cenon « à la 2e barrière », dans le Vieux-Bordeaux, chez Luëza près du cours Victor Hugo, puis à Talence. Il revint ensuite à Bacalan, chez Massoni, boulangerie qui existe toujours rue Achard, puis repartit chez Nagouas, Cours de la Marne.
Il termina sa carrière rue Bouquière, puis Cours Victor Hugo, et prit la retraite en 1974 avec ma mère Rachel Brun, dans son village béarnais.
Maguy Pereuilh, épouse Bézineau
Il y eut encore d’autres boulangeries dans la vie de mon grand-père André Pereuilh. Impossible de se souvenir de toutes…Il ne s’était sûrement jamais bien remis, ni de pouvoir reprendre la boulangerie familiale, ni de la revente de la maison de la rue de New-York après la guerre…même si lui, n’en parlait jamais.
Ainsi, il ne pouvait plus se fixer chez un patron boulanger.
Chez un boulanger de la route de Toulouse, à son arrivée la première nuit, il demanda où se trouvaient les toilettes. En guise de toilettes, on lui tendit un papier journal. Il termina son travail et n’y revint plus.
Il cultivait une conception de la liberté, de la dignité et du travail, à l’image de cette réaction Il avait la plus grande indifférence pour la notion de propriété.
Bernard Bézineau
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