« Désormais, nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. Nous ferons de la retraite non plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie. » Cette volonté d’Ambroise Croizat, ministre du travail, fondateur de la Sécurité Sociale en 1945, a inspiré toute la carrière professionnelle du spécialiste des retraites qu’est Pascal PILET. Il vient à son tour de faire valoir ses droits.
Tout a débuté en 1961, au 103 rue Delbos, dans le Bacalan des Bassins à Flots qui n’était pas encore celui que l’on connaît aujourd’hui. Plus industriel, moins résidentiel, encore marqué par les stigmates des bombardements. Son père était ouvrier métallurgiste aux Chantiers de la Gironde, sa mère, d’origine russo-ukrainienne, ne travaillait pas à l’extérieur. Une petite enfance aux côtés de sa sœur Sylvie rythmée par les trajets à pied, quatre fois par jour entre son domicile et l’École Maternelle Achard. Il poursuivra ensuite sa formation au Grand-Parc, au Lycée Montesquieu, à la Faculté de Droit de Bordeaux, ainsi qu’à l’IUT, dont il sortira journaliste.
C’est lors d’une randonnée en Espagne, dans un petit village catalan, qu’il rencontre Angélina. Leur amour les conduit au mariage en 1988 et, quelques années plus tard, en 1992, ils accueillent avec joie la naissance de leur fille, Judith.
Un homme d’actions
Catholique de gauche, militant associatif, syndical et politique, depuis 45 ans, Pascal vit avec discrétion mais avec conviction sa foi au travers de ses engagements. A ce propos, il fait référence à un verset de l’évangile « vous êtes le levain dans la pâte », Il résume ainsi son ambition : « être un peu de ce levain, en solidarité avec tous ceux qui travaillent à la construction d’une Société plus juste »
Également influencé par Jacques Ellul, qui a profondément rénové les conceptions de l’action sociale, il se rallie sans réserve à sa formule : « Penser globalement, agir localement ». Opiniâtre, curieux et combatif, il considère que l’engagement est un moteur constant.
Professionnellement, il sera tour à tour ou simultanément, journaliste (France 3, Masses Ouvrières, Témoignage Chrétien, Radio Forum -radio libre associative associant la Caisse d’Action Sociale EDF, la Mutuelle des Travailleurs de la Gironde et l’UD-CGT 33- , professeur d’enseignement général dans les Centres de Formation des Apprentis de Bordeaux, et enfin cadre des organismes de Sécurité Sociale. Il travaillera à la CARSAT Aquitaine pendant près de 40 ans. Depuis 1998, il était ainsi le correspondant national de l’Assurance Retraite pour l’Espagne, le Chili, l’Argentine et l’Uruguay. Il est spécialiste des droits français et espagnol de la retraite, ainsi que de la coordination européenne des systèmes de sécurité sociale.
« Je ne suis pas un bénévole mais un militant »
La Jeunesse Ouvrière Chrétienne (JOC) dont il a été président départemental a eu une importance fondatrice dans son parcours. C’est ainsi qu’à 18 ans, il devient administrateur du Club de Prévention Jeunesse et Grand-Parc (intégré depuis à l’UBAPS). Il siègera à ce titre à la Fédération Départementale des Clubs de Prévention, où il rencontrera Rolande Ménard, qui y représentait l’APCLP. Petit-fils d’immigrés, dont la grand-mère n’avait jamais été scolarisée, la lutte contre l’analphabétisme est l’une de ses grandes causes. De façon logique, son parcours associatif le poussera au CLAP Sud-Ouest, qu’il présidera durant 15 ans.
« Avec la Régie de Quartier, c’est une longue histoire » se souvient Pascal. Il se rappelle avoir suivi sa préfiguration sans toutefois s’y engager directement. Il se laissera finalement convaincre par Robert Venturi et il assumera successivement les fonctions de trésorier puis de président, jusqu’au mois d’octobre 2024. Cette période lui apporte beaucoup de satisfaction, même si certaines interrogations demeurent. Il ne doute pas de l’impact positif de la régie, permettant à de nombreuses personnes de retrouver dignité et stabilité professionnelle. Cependant, il reste critique face à la persistance des emplois précaires et difficiles, reflet des contradictions profondes du système.
Un nouveau chapitre
Il envisage de s’installer en Catalogne avec son épouse. Ce projet, Angelina et Pascal l’ont préparé de longue date.
Une page blanche s’ouvre à eux, Un village (Maians) à 60 km de Barcelone qui compte 100 habitants en hiver, le double en été, situé entre deux villes riches d’un passé industriel (Igualada à 10 km, où vit leur fille et Manresa à 20 km).
Angelina a prévu de s’engager au Foyer Rural, dont son grand-père, militant républicain, était membre fondateur et avait fait don du terrain nécessaire à son édification. Elle envisage aussi de renforcer les effectifs de la chorale qui anime les fêtes du village.
Pascal, quant à lui, a le projet de créer une association des retraités qui perçoivent des pensions françaises en Espagne (ils sont 350.000), pour défendre leurs droits. Il est susceptible de travailler avec les syndicats et rejoindra probablement le Parti Socialiste Catalan. Il envisage aussi de reprendre des études en auditeur libre.
Nul doute qu’il nous racontera lors de ses fréquents retours, car bacalanais un jour, bacalanais toujours !
Stéphanie BAUTRAIT
0 commentaires