Une femme en mouvement
J’ai fini par l’attraper – Ouf ! Furtive, elle se déplace sans cesse entre Bacalan, Paris et San Francisco. Le propre de la photo est de pouvoir choisir sa vitesse de prise de vue dans le spectre autorisé, du 1/1000e de seconde à la pause, d’où une agréable pause-entretien au soleil de sa terrasse. Et voilà !
Dans le dernier numéro du Journal Bacalan qui magnifiait la Femme, elle a photographié une cinquantaine de Bacalanaises. Exercice délicat, Catherine sillonna Bacalan de tous côtés, horizons multiples sans frontières. Voyage d’un grand plaisir, me dit-elle. Nous pourrons ainsi garder en mémoire les portraits fort réussis de toutes ces femmes qui accompagnent notre vie et animent notre quartier.
Catherine est une Bordelaise née à Bagatelle. Ses études : une licence d’anglais, via Sciences Po – Relations internationales. Elle commença à s’initier à la photo justement à Bagatelle et cela lui plut. L’action lui manquait. Alors, autodidacte, elle se lança dans la photographie. Prises de vue, tirages, vente. « Produire ». Ce travail lui plaisait pour construire un avenir de façon concrète.
Chemin faisant elle se maria et eut trois enfants. Un couple vit en Amérique à San Francisco avec leurs deux enfants. Une ville qui monte et qui descend… à photographier ! Un autre couple vit à Paris, ainsi que sa fille. « J’ai choisi la photo pour m’occuper de mes enfants et me réaliser en même temps, dit-elle. Prendre un emploi salarié avec mes diplômes m’aurait amputée de quelque chose. J’ai eu la possibilité et la chance de faire un choix. »
Ses débuts dans la photo furent difficiles, mais elle fût aidée par sa constante opiniâtreté et par son mari qui la seconda. À l’époque, c’est à Blaye qu’elle exerça pendant sept ans – prises de vue et labo en continu. Grâce à sa puissance de travail, elle propose rapidement des photos argentiques en noir et blanc. Sa curiosité, la qualité de ses clichés et son sens du commerce, lui ouvriront les portes de la réussite. L’été, au Cap Ferret, elle prenait les vacanciers en photo. Tous, à l’époque voulaient un souvenir de vacances. Développement et tirage la nuit, exposition le lendemain et vente des photos… (argentique-express en quelque sorte) et d’autres clients arrivaient.
Puis elle quitta Bordeaux. C’est à Puteaux, en région parisienne, qu’elle ouvrit un studio-photo, sans lumière naturelle, sans parking… mais parisien. Un local ad hoc très prisé par les créatifs. Elle fit des photos de classe, elle créa des affiches pour des entreprises (Roland Garros en fit partie), elle loua son studio et la dynamique de nouveaux photographes avec elle réussit. L’argent gagné servait à améliorer son outil de travail. Le moindre crédit était remboursé au plus vite. Sa façon d’être – pourrait-on dire – est sa rapidité, son entre-gens, sa compétence.
Puis, curiosité de la vie, retour en Gironde, à Bacalan, dans les nouveaux immeubles neufs, modernes et très chouettes, avec atrium parfois. Rue Ouagadougou, comme un air de musique auquel s’ajoute un air américain parfois, un air parisien, et maintenant un air bacalanais. De grands écarts maitrisés, en mouvement toujours.
« La photo – me dit-elle – elle fige. Elle fixe. Elle illustre le souvenir. » Un jour, en feuilletant un album de ses petits-enfants, elle vit perler une larme dans les yeux de leurs parents. Un bonheur envahissant, une récompense inédite, spontanée.
Aujourd’hui Catherine Passerin est photographe attitrée du Théâtre du Cerisier et membre de la direction collégiale qui l’anime. Quel bonheur qu’elle soit venue s’ancrer à Bacalan !
Charles Coudret
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