Objectif emploi

27 Sep 2023 | 0 commentaires

Chaque crise dans les banlieues et les villes moyennes remet en lumière le chômage des jeunes, plus important qu’ailleurs dans ces lieux. L’occasion pour notre journal de vous présenter des acteurs de l’emploi et les dispositifs à l’œuvre dans notre quartier, autant de ressources pour toutes celles et tous ceux qui sont en recherche d’un avenir professionnel.

Éric Lafleur : l’emploi au cœur !

Après 20 ans passés au sein de la Mission locale Bordeaux Avenir Jeunes*, son directeur général par ailleurs habitant de Bacalan, passe la main à son adjoint Alain Guérard en cette fin d’année. L’occasion pour notre journal d’évoquer son rôle et l’action de cette institution dans notre quartier.

Journal Bacalan : Vous allez quitter vos fonctions, qu’est ce qui vous a marqué dans ce parcours professionnel, quelles en ont été les grandes étapes ?

Éric Lafleur : J’ai pris beaucoup de plaisir à agir pour cette noble cause de l’emploi des jeunes et à développer cette structure. Nous avons grandi : nous étions 23 salariés au départ, nous sommes 72 aujourd’hui. Nous avions un budget de 1,5 million d’euros, il est de 4,3 millions aujourd’hui. Nous étions présents sur un seul site, nous le sommes aujourd’hui dans cinq lieux de la ville, auxquels il faut rajouter une permanence à la Bastide.

Il y a 25 ans Bordeaux n’était pas pourvu d’une Mission locale. À son arrivée, Alain Juppé a demandé à son adjointe aux affaires sociales Véronique Fayet, de la créer. Ce qui fut fait avec l’ouverture de Bordeaux Avenir Jeunes en octobre 1996 et Madame Fayet** en a été la première Présidente. Elle nous a aidés, soutenus, accompagnés sans aucune ingérence dans la gestion de la structure et avec beaucoup de bienveillance. J’ai été marqué par cette belle personne, dans sa vérité, ses valeurs et notamment dans sa manière noble de faire de la politique.

JB : Vous avez également dirigé la Maison de l’emploi***?

EL : Oui, pendant sept ans. Mon Président de l’époque, Yohan David, m’a demandé de diriger les deux structures aux missions différentes et aux personnels différents. Ce fut une expérience extrêmement riche et passionnante, très dense en termes de gestion de multiples projets, de calendrier, de contraintes et de responsabilités.

JB : Vous êtes l’artisan de l’implantation d’un premier établissement de service public de l’emploi à Bacalan, avec l’ouverture de l’antenne Nord-Est de la mission locale au 178, rue Achard ?

EL : Il y avait deux quartiers totalement dépourvus de structure d’emploi : Caudéran et Bacalan. Habitant le quartier, je voyais bien que des structures d’accueils éloignés, dans d’autres quartiers, ou d’accès compliqué par les transports en commun, constituaient un frein pour l’accès des jeunes. Il fallait davantage de proximité. J’ai longtemps cherché des locaux sans succès, jusqu’à ma rencontre avec la famille Bret-Gaubaste, qui nous a mis gracieusement à disposition pour trois ans, les locaux actuels de la rue Achard.

JB : cette antenne mission locale de Bacalan a-t-elle vocation à être pérennisée après la période de gratuité des locaux, c’est-à-dire dans un an ?

EL : Je l’espère, au regard des résultats. En 2022, nous avons reçu 471 jeunes à Bacalan. Parmi eux, 240 sont entrés dans des dispositifs d’accompagnement et 339 en situation professionnelle. C’est donc très satisfaisant. La municipalité a un temps envisagé de nous installer dans les locaux de l’ancienne école maternelle de la rue Lucien Faure, mais, à ma connaissance, il n’y a pas de décision à ce jour. Autre possibilité : la prise en charge financière de l’actuel loyer dans la zone Achard ?

JB : Pendant votre direction à la Maison de l’emploi, une permanence bimensuelle a été mise en place à l’Amicale Laïque de Bacalan pour les jeunes créateurs d’entreprise, principalement ceux qui ont un projet d’auto-entrepreneurs. Ces permanences continuent, malgré la présence de l’antenne toute proche ?

Lire aussi :  Bacalan et l’aventure depuis 20 ans

EL : Oui, cela fait huit ans. Un lieu associatif comme l’Amicale, qui a pignon sur rue et où il y a beaucoup de passage, c’est un moyen différent de toucher des publics divers.

JB : Pour terminer sur une note plus personnelle, vous quittez vos fonctions mais vous allez également quitter le quartier, pour retrouver vos racines familiales sur le Bassin. Que garderez-vous de ces années bacalanaises ?

EL : J’ai découvert Bacalan. Dans ma jeunesse, je connaissais la Cité Lumineuse et le Village Andalou, c’est l’image qui circulait partout. Devenu habitant, il y a sept ans, je me suis fortement attaché à ce beau quartier, le plus « Vert » de Bordeaux, avec tous ses grands jardins privés, les places boisées et les berges de Garonne.
C’est un quartier calme, avec une grande diversité, une vie associative culturelle et sociale incroyablement dense. Il y a la proximité des commerces et des services, c’est-à-dire l’ensemble des choses qui font la qualité de vie. Bien sûr, tout n’est pas parfait, il y a aussi des incivilités. Finalement, je crois que les Bordelais n’ont pas encore compris que c’est un des plus beaux quartiers de la ville…

* La Mission Locale de Bordeaux propose aux jeunes de 16 à 25 ans non scolarisés un accompagnement dans la construction de leur projet professionnel, dans la perspective d’accéder à l’emploi. Formation, logement, santé, accès aux droits, elle accueille, informe et prend en compte l’ensemble des besoins de chaque candidat.
** Véronique Fayet a été également la première Présidente de la « Régie de quartier Habiter Bacalan » lors de sa création.
*** La Maison de l’emploi gère le Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi (PLIE). Il a pour but d’insérer dans l’emploi durable des personnes rencontrant des difficultés et de les accompagner dans la durée. Elle organise de nombreux forums permettant la rencontre entre employeurs et demandeurs d’emploi.

Propos recueillis par Christian GALATRIE

Synthèse d’activité 2022 de l’antenne de Bacalan de la mission locale avenir jeunes

Synthèse activité mission locale jeune

Permanence création d’entreprise par la maison de l’emploi

Depuis 2016, la Maison de l’Emploi assure des permanences à l’Amicale Laïque de Bacalan (5 rue Joseph Brunet – 33300 Bordeaux), pour aider les porteurs de projets de création d’entreprise. Cette permanence a pour but de sensibiliser et de soutenir les personnes concernées. Le conseiller en création d’entreprise transmet les informations, structure les premières démarches du projet, et oriente vers des partenaires appropriés, quel que soit le stade d’avancement du projet.

Depuis sa création, cette permanence de proximité a accueilli plus de 100 porteurs de projets à raison de deux demi-journées par mois. Cette fréquentation s’est peu à peu développée grâce au soutien des acteurs associatifs du quartier, qui sont devenus des relais auprès des habitants. Cette permanence a connu une baisse de fréquentation liée à la pandémie de 2020 à 2022, mais elle a retrouvé une nouvelle dynamique en 2023.

Depuis cinq ans, nous avons identifié au moins 25 résidents de Bacalan qui sont à ce jour chefs d’entreprise en étant passé par cette permanence (certaines créations d’entreprises n’ont pu totalement être identifiées à ce jour).

La permanence à l’Amicale Laïque a lieu deux après-midi par mois le mardi de 14h à 18h.
Prise de rdv au 06 16 15 03 15 ou e.saintjean@maison-emploi-bordeaux.fr.

Emmanuel SAINT-JEAN

Permanence pour l’insertion et l’emploi des personnes de plus de 26 ans

Permanence insertion emploiLe Plan local pour l’insertion et l’emploi (PLIE) de Bordeaux est un dispositif d’accompagnement renforcé auprès des Bordelais qui rencontrent des difficultés dans leur accès au travail. Depuis deux ans, le PLIE assure des permanences au sein de la Mission Locale de Bordeaux, à l’antenne de Bacalan au 178 Rue Achard – 33300 Bordeaux. Après une période de crise sanitaire qui n’a pas permis une tenue optimale des permanences, elle s’ancre à nouveau dans une régularité depuis janvier 2023, avec la présence d’une référente de parcours. Face à la demande croissante des participants, le PLIE et la Mission locale ont acté une extension de cette permanence, avec des horaires étendus de 8h30 à 17h30 du lundi au vendredi.

Lire aussi :  Édito n° 86

Le référent de parcours a pour but d’aider les personnes très éloignées de l’emploi, de leur permettre de bénéficier d’un accompagnement individualisé, d’accéder à des formations qualifiantes en vue d’intégrer un emploi durable, mais aussi de leur faire rencontrer des employeurs du secteur.

Nathalie GRUBER

Insérer les personnes éloignées de l’emploi, l’objectif de la régie de quartier

« Nul n’est inemployable » est depuis plus de 40 ans la conviction profonde que défendent les structures d’insertion par l’activité économique. Offrir un contrat de travail à une personne qui n’a pas travaillé depuis longtemps, c’est d’abord lui garantir des ressources, mais c’est surtout lui donner une dignité et une confiance en sa propre utilité sociale. La fierté du travail accompli et la richesse des interactions au sein d’une équipe constituent une source de mieux-être pour bon nombre de personnes que nous accueillons à la Régie de quartier.

En 2022, nous avons accompagné 133 personnes, deux tiers d’hommes et un tiers de femmes. La moitié d’entre elles étaient au chômage de longue durée au moment de leur entrée et 30% étaient sans ressources propres. Avec 80% de salariés ayant un niveau d’études infrabac, nous constatons que l’absence de qualifications est l’un des principaux freins à l’employabilité. À la Régie de quartier, les personnes trouvent à la fois un travail immédiat d’opérateurs/opératrices ne nécessitant aucune formation ni diplôme, mais aussi une aide sur le plan social et un accompagnement vers l’emploi qui dure en moyenne 12 mois. En début de parcours, elles ont souvent à cœur de régler d’abord leurs problématiques de vie (logement, accès aux droits, mobilité…). Parfois, le projet professionnel est déjà présent dans leur esprit, mais il est rarement consolidé.

Le rôle de l’accompagnateur/accompagnatrice est donc d’aider à l’émergence et à la construction de ce projet : visites d’entreprises, enquêtes métiers, stages… s’avèrent autant d’outils pour y parvenir. Il faut aussi parfois accompagner l’autocensure, questionner les stratégies de court-terme dictées par l’habitude du « système D ». « Mais qu’est-ce que vous avez vraiment envie de faire dans les prochaines années ? » reste une question bien délicate pour celles et ceux qui sont habitué(e)s à gérer l’urgence.

Lorsque les parcours chez nous se terminent positivement, ce qui se produit pour plus d’une personne sur deux, un petit message de fierté circule au sein de l’équipe permanente. Il arrive que le départ s’accompagne d’un mot de remerciement, comme celui de Yamilka, qui est entrée en formation pour devenir aide médico-sociale : « J’ai beaucoup appris à la Régie et j’ai pu suivre une formation dans un secteur qui me plaît. Je cherche aujourd’hui un contrat à temps partiel pour pouvoir aussi me consacrer à mes enfants. »

Hélène CAZALIS – Directrice
Crédit photos : Yvan Mathie

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