Mon espace de vie c’est le trottoir du New York où je me prélasse étendu de tout mon long en plein milieu devant le bar. Il faut dire que je suis plus long que large… et que haut. Assis ou couché, je ne dépasse guère une vingtaine de centimètres. Je n’ai pas un look d’enfer mais je m’en fous car je me plais. Les passants m’évitent en souriant. Certains me parlent, d’autres me caressent. Personne n’est agressif, je dois être sympa ! Je reste en quelque sorte indifférent, sauf quand un congénère passe sur le trottoir d’en face. Lui, il a droit de ma part à un coup de gueule, wouah, car ici c’est chez moi, pareil pour les motos qui passent tout près à contre-sens, wouah. Pour me défouler, je pique une pointe, à petite vitesse, jusqu’à la rue Audubert, en principe pas plus loin car il faut descendre du trottoir, ça me fait haut ! Mais je vais parfois beaucoup plus loin, je ne vous dis pas ! Au retour, ce sont quelques reniflades et levers de pattes le long des murs, car toutes ces odeurs, j’adore. La sieste n’est pas possible, je suis dérangé du matin jusqu’au soir toutes les cinq ou dix minutes par le tram. Enfin, je vois du monde, c’est le principal. Devant toutes ces allées et venues pour l’apéro, le café, les cigarettes, les journaux, les jeux du loto à gratter, et j’en oublie, je reste de marbre, que dis-je, de glace. Pas étonnant car je m’appelle ICE.
Denis SÉGOUIN
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