L’enfance
Né le 8 août 1922 à Libourne, André Soulas n’aimait pas trop les études, mais a obtenu son certificat d’études. Bien que ses parents n’étaient pas vraiment pratiquants, il devient enfant de choeur, se retrouve dans une école de frères sécularisés et montre son envie de devenir prêtre.
Comme il doit redoubler la classe de seconde, son père lui demande d’arrêter ses études : « J’ai fait ma formation d’électricien directement avec mon père. L’électricité commençait à s’installer dans les maisons, on avait beaucoup de travail. »
La deuxième guerre mondiale
André Soulas est enrôlé de force en 1943 dans le STO (Service Travail Obligatoire) et part en Allemagne, au sud de Dantzig, à la frontière de la Pologne. Il travaille pour les chemins de fer allemands. Atteint d’une pleurésie, il va perdre près de dix kilos.
En mai 1945, il revient en France et reprend le travail avec son père. Il va même avoir un coup de cœur pour une copine. Seulement, celle-ci ne donne pas suite et arrête leur liaison.
Prêtre
L’idée d’être prêtre lui revient : « Comme les femmes ne voulaient pas de moi, j’ai demandé au curé si je pouvais entrer dans les ordres. Il m’a proposé le séminaire, mais mon père n’était pas d’accord. J’étais son seul fils et il pensait que je prendrai sa succession comme électricien. » Après son séminaire, André est ordonné prêtre à Blaye en 1955. Il y restera pendant onze ans avec un vieux prêtre.
Prêtre-ouvrier
« Il me semblait que je ne faisais pas ce qu’il fallait faire, étant plutôt manuel et peu doué pour les études. J’avais l’impression de ne pas faire mon boulot sérieusement, mais je voulais rester fidèle à mon engagement. » Heureusement, le concile Vatican II étant passé, on n’était plus obligé de lire la messe en latin. André Soulas va enfin comprendre les prières.
En 1969, monseigneur Marius Maziers, l’archevêque de Bordeaux, va lui faire une proposition : « Est-ce que tu accepterais de reprendre ton métier d’électricien et de devenir prêtre-ouvrier ? » Une lettre de mission va encadrer son nouveau rôle. Il va donc travailler comme électricien, parmi les travailleurs.
Syndicaliste
Il découvre également le monde du travail et les conventions collectives. Il décide de s’engager auprès de la CFDT et de monter un syndicat dans l’entreprise, ce que son patron à Eysines voit d’un mauvais œil. Il le change de poste et André Soulas saisit les prud’hommes.
Retraité et actif
En mars 1963, il prend sa retraite, mais ne s’arrête pas pour autant : « J’étais sans boulot, mais l’évêque m’a demandé de rester au service du monde du travail. » Pendant dix ans, il prépare les dossiers afin de défendre les salariés, d’abord avec les syndicats du bâtiment, puis ceux des conventions collectives. Il est malheureusement obligé d’arrêter : « J’ai commencé à être sourd, je ne comprenais pas ce qui se disait dans les salles d’audience. » Il est également engagé dans différents collectifs comme l’Appel des 100 pour la paix et contre l’arme nucléaire, ce qui lui fait parcourir de nombreux allers-retours d’une rencontre à l’autre, avec sa bicyclette qu’il n’a mise de côté que l’an dernier.
« On y était tout le temps foutus à Bacalan »
André Soulas a essentiellement vécu dans les quartiers des Aubiers et du Grand Parc, en compagnie de prêtres-ouvriers ou de prêtres engagés, comme il aime à le dire, pour une église hors les murs. Mais son lien avec Bacalan est resté très fort. Il rencontrait souvent l’équipe de franciscains qui était cité Labarde. Il a rencontré Vincent Maurin aux Aubiers alors qu’il était jeune enseignant et a continué à le suivre, notamment avec l’association Vie et travail à Bacalan ou dans les manifs. Il se souvient très bien de Rolande Meynard et de son mari.
Fête des 100 ans dans le quartier
Pour son anniversaire, ses 100 ans, ce sont près de 200 personnes qui se sont retrouvées dans la salle Pierre Tachou pour évoquer son travail et sa passion avant de partager un repas type auberge espagnole. La médaille de bronze de la ville de Bordeaux lui a été remise. Ensuite, ceux qui le souhaitaient sont allés visiter l’église Saint-Rémi de la vigne où une messe a été célébrée.
L’avenir
Il l’envisage avec le sourire : « Ça devient fatigant, je n’entends pas et je commence à y voir mal avec la DMLA*. Si je ne peux plus ni voir ni entendre, ça viendra comme ça viendra. En tout cas, ça durera moins que ça a duré ! »
Alain Mangini
* Dégénérescence maculaire liée à l’âge.
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