Cet après-midi, il fait 39°. Les salariés de la Régie bénéficient d’aménagement d’horaires pour moins souffrir de la chaleur. Mais j’ai bien conscience que ces aménagements ne résolvent rien pour les 50 % qui n’ont pas de logement, parmi lesquels les 2/3, vivent dans des squats, dans des tentes, dans des voitures ou à la rue. Une réalité qui percute le projet de la Régie de Quartier, initialement destiné à des personnes sans emploi, qui vivaient alors, pour la plupart en HLM.
Un an après avoir réuni à la Régie tous les acteurs concernés, force est de constater que les résultats sont faibles, malgré la bonne volonté de tous les participants. La question nous dépasse. Nous sommes confrontés à notre impuissance.
Un problème structurel
On a construit beaucoup de logements, à Bordeaux ces dix dernières années, mais ils sont inaccessibles aux personnes précaires, et même, de plus en plus à des salariés qui perçoivent moins de 2,5 SMIC. Au passage, l’absence de logement explique aussi, en partie, les difficultés rencontrées par certaines entreprises bordelaises, au moment de recruter.
Depuis 35 ans, les moyens permettant, notamment, la construction de logements sociaux se sont amoindris : seules les entreprises de plus de 50 salariés cotisent (plus de 20 auparavant) et le 1% s’est réduit à 0,45 %. Pendant ce temps une partie de la collecte du Livret A, auparavant destinée aux prêts à la construction de ces logements sociaux a été détournée de son usage initial.
Un problème politique global
Avec les bailleurs sociaux, nous faisons beaucoup d’effort pour trouver des solutions de logement à nos salariés. Il reste qu’il s’agit d’un problème politique global. Je doute qu’un simple conseiller logement au cabinet du Ministre délégué auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargé de la Ville et du Logement ait les moyens de faire autre chose que de la réhabilitation. Le logement n’est clairement pas une priorité nationale.
Selon la Fondation Abbé Pierre, 4 millions de personnes en France sont pourtant mal ou pas logées.
Pascal PILET
Président de la Régie de Quartier Habiter Bacalan
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