Selon les promoteurs immobiliers et les pouvoirs publics, il s’agissait d’offrir aux résidents des 5000 logements, une énergie locale propre et renouvelable, à un coût compétitif et stable. La promesse tarifaire et écologique a-t- elle été tenue ?
Pas forcément si l’on en juge par la réaction de résidents ou de représentants des conseils syndicaux, qui dénoncent la cherté de leurs charges d’énergie, plus précisément du prix de l’abonnement dont le calcul – fruit de formules mathématiques absconses – s’avère pour les intéressés totalement opaque. L’exemple du bilan 2021 d’une résidence, révèle un montant d’abonnement à peine inférieur au coût de l’énergie dépensée, alors que l’abonnement gaz ou électricité auprès des opérateurs historiques, représente environ 150 € annuels, bien loin du prix de l’énergie consommée. Dans l’abonnement au réseau de chaleur, on imagine qu’il y a du remboursement d’investissement (réseau et chaudières), la maintenance des installations ainsi que la rémunération de l’exploitant et de ses actionnaires ? Pourquoi ne pas détailler clairement le montant de celui-ci ?
Par ailleurs, la puissance souscrite à l’origine par les promoteurs immobiliers de certaines résidences auprès de l’opérateur s’avère avec le recul trop élevée. Si le contrat prévoit bien la possibilité d’augmenter la puissance souscrite, il ne prévoit pas sa diminution et donc la possibilité d’en réduire le coût. Que faire ?
Enfin, il était prévu un fonctionnement de chaudière essentiellement à partir de la biomasse et des effluents*, les autres énergies intervenant seulement en secours ou en cas de maintenance. La réalité est toute autre puisque l’apport d’effluents est marginal, et le fonctionnement au gaz ou à l’électricité représente 40 à 45% du temps. Utiliser du gaz qui génère du CO2 en pleine agglomération n’a rien d’écologique, et utiliser de l’électricité pour chauffer des chaudières alimentant un réseau de chaleur est une hérésie du fait des pertes calorifiques inéluctables qui en découlent. Mieux vaudrait, en termes d’efficacité et de coût, livrer chaque appartement par le réseau électrique.
À l’heure où le marché et la concurrence libre et non faussée sont la règle économique, il est invraisemblable que les pouvoirs publics locaux aient donné quitus aux promoteurs immobiliers, pour imposer aux résidents un système énergétique captif pour des décennies… Le terme d’écologie punitive ne prendrait-il pas ici tout son sens ?
Christian Galatrie
*une plateforme à proximité de la station de traitement des eaux usées Louis Fargue récupère la chaleur résiduelle des effluents de la station pour la réutiliser.
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