Latitude 44°52’33’’Nord – Longitude 0°33’29’’ Ouest
Bien que situé à 150 km de l’embouchure de l’estuaire de la Gironde, Bordeaux a sa propre mer : la Garonne, bouillonnante, impétueuse, changeante. Elle n’a rien d’un long fleuve tranquille. Durant des siècles, les hommes et le transport de denrées ont rythmé, au gré des marées, la vie de notre quartier rebaptisé Bordeaux-Maritime en 2009 après une consultation, tout un symbole. Les bassins à flot, à l’entrée de la majestueuse capitale girondine, ont été conçu comme un refuge, une halte à l’abri des courants tumultueux du fleuve. Ce passé maritime a forgé le caractère des Bacalanais, ancienne enclave à l’extrémité nord de Bordeaux. Au fil du XXe siècle, elle s’est progressivement vidée de ses habitants pour renaître massivement transformée, différemment, mais toujours tournée vers l’eau, grâce à l’engagement et aux combats menés par les natifs. Nous vous proposons d’embarquer pour une balade à fleur d’eau au plus près de ceux qui contribuent à préserver son identité.
Dossier réalisé par Pierrette Coudret, Sophie Olivier, Gérard Lefevre, Alain Mangini, Stéphanie Bautrait, Marjorie Michel avec la participation exceptionnelle de Charles Coudret.
Photos et dessins : Carole Lataste, Lucie Chainot.
Notre quartier dispose de cinq pontons et trois moyens de mises à l’eau des bateaux
Au bout de la rue André Berry, une rue située après la station de tram Claveau, se trouve un petit port privé nommé Point du Jour, réservé aux membres du « Club sports nautiques de la Gironde » et pouvant accueillir une vingtaine de bateaux.
Un autre ponton privé d’une capacité de six bateaux se trouve au bout du boulevard Brandenburg. Il s’agit de l’Amicale des pêcheurs de Bordeaux-Nord. Inutilisé depuis le démantèlement du service des essences des armées, le ponton Brandenburg devrait être reconstruit afin d’y implanter une station Bat3, attendue depuis quelques années. Son principal intérêt se trouve avec la proximité d’un parc-relais et donc du tram avec des trajets Lormont-Bordeaux très rapides, surtout lorsque le pont d’Aquitaine bouchonne.
Le Grand Port Maritime de Bordeaux possède également un ponton pour quelques navires, ainsi qu’un « slipway », plan incliné géant permettant de mettre à l’eau ou hâler des navires de grand tonnage.
Le ponton de la Cité du vin est avant tout un arrêt de Bat3 qui possède un inconvénient majeur : lorsque le musée est fermé (avant 10 heures et après 18 heures en semaine), le Bat3 ne s’y arrête pas.
Un autre ponton, juste avant le pont Chaban, sert d’accostage provisoire aux bateaux attendant l’ouverture des écluses pour rejoindre les Bassins à flot. Il est également possible aux plaisanciers de passage à Bordeaux de s’y amarrer. Par exemple, un bateau de moins de 10 mètres devra régler 20 euros par nuitée comprenant eau, électricité et gestion des déchets.
Dans le bassin à flot numéro 1, en plus des deux cales sèches servant à la réparation navale, une cale de mise à l’eau métallique semble à l’abandon depuis des années. Dans le bassin numéro 2, les bateaux peuvent être déposés ou extraits à l’aide d’une grue. Ce sont près de 80 bateaux qui peuvent s’installer dans ce bassin, dont certains de façon quasi-permanente avec des habitants à l’année.
Le musée mer marine
Bordeaux, 1er port français et 2e port mondial au 18e siècle, a un historique maritime évident. Bacalan et les Bassins à flot en ont leur part. Rien de surprenant à y voir un musée consacré à la mer, à la navigation, aux bateaux. Passionné par les mers et les océans, le nautisme et le patrimoine historique, le promoteur Norbert Fradin y a construit le plus grand musée privé dédié de France.
Une exposition permanente, avec une partie des 10 000 pièces de sa collection personnelle, offre un parcours parmi les bateaux (tel le Vera Hugh de 1m63, qui traversa l’atlantique en 134 jours), les maquettes (le Tonnant, fabriqué en os par dix prisonniers français des guerres napoléoniennes), les tableaux (le port de Bordeaux d’Eugène Boudin), les sculptures (la tête de Neptune) et, sur d’autres niveaux, des reconstitutions de batailles navales, les expéditions scientifiques, les aventures humaines, les grandes découvertes ou la préservation des mers et océans.
Des conférences, des récitals, dans un auditorium de 300 places.
Inauguration par une exposition du National Geographic, suivie par celles sur Sempé (n°65), Léonard de Vinci, etc.
Haut de 45 mètre, conçu comme un navire par l’architecte bordelais Olivier Brochet, il domine les Bassins tout en faisant face à la Base sous-marine.
Qui ne s’est pas arrêté prendre en photo le gigantesque requin métallique de Philippe Pasqua qui trône sur le parvis ?
Le Service Social Maritime
Un poste dans chaque port
Nous avons rencontré Danièle Guidon, assistante sociale du travail, et sa secrétaire Nadine Labourgade-Auffret au152 quai de Bacalan*, dans l’enceinte du GPMB, le Grand Port Maritime de Bordeaux.
Elles assurent un service social (association loi 1901) pour l’ensemble de la Gironde à l’exception du Bassin d’Arcachon. Il s’adresse aux professionnels du long cours, du portuaire (pilotage, remorquage, lamanage), de la petite et grande pêche, de la conchyliculture (élevage de coquillages) et de la plaisance professionnelle (par ex. les skippers). Sont pris en charge les élèves en formation maritime, les marins actifs, les retraités de l’ENIM (cf. dernier paragraphe) et les sédentaires du GPMB. Leurs points d’expertise touchent les problèmes d’emploi, de reconversion et de budget, les domaines de la santé, de la famille, du logement. Danièle Guidon insiste sur le difficile métier de marin et sur la dématérialisation de certains services en parallèle avec les difficultés d’accès à l’Internet, particulièrement pour les pensionnés les plus âgés. Elle précise que leur service est resté à taille humaine, un service « de proximité » où l’écoute est le maître-mot. Elle se déplace dans tout le département et c’est avec une belle fierté qu’elle nous déclare que leur service « est un phare » au regard des difficultés de la vie actuelle.
Pour la petite histoire, sachez que c’est… Colbert, ministre de Louis XIV, qui créa « les Invalides de la Marine » en 1670 ! établissement qui est le doyen de toutes les institutions de sécurité sociale. Actuellement c’est l’ENIM qui gère le régime de sécurité sociale des marins. Il a gardé le nom d’origine : Établissement National des Invalides de la Marine.
Le conservatoire international de la plaisance
Friches industrielles et militaires en 1982, les 180 hectares bordant les Bassins à flot sont choisis, en février 1991, par les industries nautiques d’après l’idée de 2 bordelais, Daniel Charles et Jean-Bertrand Mothes-Massé pour la création d’un Conservatoire International de la Plaisance.
- Muséographie : histoire de la plaisance.
- Recherche, bibliothèque de la marine.
- Chantier école.
- Animations pour les plaisanciers.
1993 Jean-Pierre Jamay, homme de théâtre, en prend les rênes. L’ouverture a lieu en mars. Dès l’entrée, on plonge dans la représentation d’une vague de 28 m ou naviguent l’hérétique du docteur Bombard et le capitaine Cook de d’Aboville. La base sous-marine abrite les pièces majeures, une reconstitution du plus ancien catamaran européen, le Simon and Jude (1662), le prototype Ville-de-Paris de Marc Pajot.
Le Marie du chancelier Bismarck, un des premiers bateaux à moteur à explosion. Le Crossbow II catamaran asymétrique qui attendra les 36 noeuds en 1980. Objectif 100 de Lionel Péan, bateau qui n’atteindra jamais son but 100km/h. Le Spirit of Australia établit le record de vitesse avec 511,13 km/h. 12 parcours pour découvrir plus de 70 bateaux, une centaine de maquettes.
2 bateaux restent associés à ce projet : Le fameux Vendredi 13, 3 mats de Jean-Yves Terlain puis d’Yvon Fauconnier, dont la coque se délabra lentement à l’entrée de la base sous-marine. Qu’est-il devenu ? Réapparait-il un jour ?
Le Summer d’Herbert Blondie Hasler. Ce Major britannique à la tête d’un commando est venu en 1942 à Bordeaux saboter les navires allemands (opération Frankton). Or son voilier coulera devant la base sous‑marine le mercredi 6 février 2013.
Le C.I.P. fermera définitivement en 1997.
En bateau, on y vit, on y dort
Les habitants des péniches
Certaines péniches ont connu leurs heures de gloire et durant de nombreuses années ont transporté diverses marchandises : céréales, sable, graviers provenant du lit de la Garonne entre Bordeaux, Langon et Cadillac (35e rang des ports fluviaux français avant Marseille 45e). Puis, ce furent les hydrocarbures des Grandes Raffineries qui alimentèrent un trafic intense au Port Autonome de Bordeaux.
Changements d’activités, transformations des péniches en « pinardiers » pour le transport des vins. La crise de la battellerie s’amorce, les Mariniers du Midi tentent de maintenir les contrats de transports mais le Chemin de fer remporte les marchés.
Certaines de ces péniches ont pris une retraite bien méritée et de nouveaux propriétaires ont contracté de lourds emprunts pour les acquérir et les aménager confortablement. Ce sont 23 familles qui espèrent mais sinquiètent des changements prévus par le Grand Port Maritime de Bordeaux, concernant les nouveaux emplacements et surtout la révision des loyers annuels, même si elle s’étale sur plusieurs années. En outre, le fait de déménager sur le ponton Base sous-marine / Perthuis supprimera les avantages suivants : recyclage des eaux usées, taxes des ordures ménagères et fourniture de toutes les énergies qui deviendront payantes et assurées par les prestataires.
Renouvelables tous les cinq ans, la redevance, les contrats d’occupation temporaire (COT) et l’ensemble des tarifications sont adoptés annuellement par décision du GPMB et fixés selon chaque catégorie de navire. Les prix peuvent varier de 800 à 7000 euros par an et parfois plus dans les villes touristiques. Il s’avère que le port de Bordeaux est le plus cher de France : Nantes et Rouen (ports semblables) ont un même tarif pour tous (2400 € annuel), revisables en fonction de l’indice de la construction. De nombreuses associations se sont créées et négocient pour ramener la tarification à un niveau raisonnable. Les litiges sont nombreux, les tarifs pas toujours justifiés ou très complexes.
Il n’est pas simple d’obtenir un COT. Ils sont délivrés au compte-gouttes et nombreux sont les bateaux en infraction involontaire, due parfois à une gestion aléatoire. Un décret du 19 janvier 2009 relatif aux prescriptions de sécurité applicable aux bateaux de plaisance navigant ou stationnant sur les eaux intérieures, est téléchargeable. Bonne lecture et bon courage !! L’acceptation d’un contrat d’occupation temporaire du domaine public accordé à titre précaire par l’administration comporte des obligations nombreuses et quasi aucun droit pour l’occupant de la péniche. Et il contient une clause qui prévoit d’être interrompue à tout moment par le gestionnaire, sans aucun justificatif ni indemnité. Tout avocat vous expliquera que ces contrats sont illusoires mais néanmoins obligatoires pour occuper une partie de l’espace public.
Ne pouvant assumer des augmentations conséquentes, les habitants des péniches attendent des propositions concrètes et raisonnables de la part du GPMB. Beaucoup seraient dans l’obligation de vendre leur habitation et nul ne peut envisager une telle solution. Ces péniches et leurs habitants font partie intégrante de l’histoire de ce Grand Port Maritime de Bordeaux et espèrent être entendus.
Parmi ces habitants, vivent Marie, Nicolas et leur fille Blanche (six ans) ans sur leur péniche « Fleur d’O » qu’ils ont acquis, comme beaucoup d’autres, sur un véritable coup de cœur, alors qu’ils recherchaient un bâtiment style industriel à aménager, et ils ne regrettent pas leur choix.
Tout commence par un rêve de péniche
Il y a quelques années, Philippe Jouanny part en quête de la perle rare avec son frère Franck. Ils écument plusieurs pays d’Europe pour finalement trouver leur bonheur à Thourotte, près de Compiègne. Mais déplacer un bateau de 52 mètres demande une belle dose de patience. L’espace entre deux écluses étant de 30 mètres, il faut la couper en son centre, faire passer un morceau après l’autre, soit une heure à chaque fois. À raison de 500 écluses, on totalise un périple de cinq mois pour arriver à bon port.
Ancienne péniche de transport de graves, elle nécessite plusieurs mois de travaux pour la mettre aux normes et la rendre confortable. Les propriétaires ont choisi une transformation respectueuse de l’environnement. L’isolation fait la part belle aux matériaux naturels et écologiques. La coque est triplement isolée avec une succession de couches de chanvre, liège, laine de bois, et le bateau possède sa propre station d’épuration. La partie arrière a été aménagée en quatre chambres d’hôtes
Chaque chambre répond à un courant artistique caractéristique : années 1950, années 1960, Art déco et romantique.
Pour réserver : https://abnb.me/S9iyxXyqiP, Parking gratuit, 120 euros la nuit.
En bateau, on y travaille
Entre restaurants et discothèques
Georges Carmo souhaitait le siège social de son entreprise portugaise aux Bassins à flot. Depuis le 5 mai 2022, il est amarré quai 209 face au Radisson Blu. Sa structure imaginée en 2014 par James Vitrac et réalisée par l’agence bordelaise 2PM A, a été conçue comme un bateau, faite en terre crue sans béton et n’utilisant que des matériaux bio-sourcés. L’énergie y est auto-suffisante grâce à des panneaux photovoltaïques.
Deux plateaux de 160 m2 serviront à l’étage d’espace de travail et en dessous celui d’un coworking pouvant accueillir une trentaine de postes de travail.
La vigie rappelant une cabine de pilotage sera une salle de réunion surmontant un « Food Boat » avec terrasse en libre accès aux passants et aux résidents.
Après la tempête de 2019, un système automatisé de pompage a été mis en place pour évacuer éventuellement l’eau de la cale.
Cette formule de bâtiment flottant permet de contourner le problème du coût du foncier. Elle permet également d’exploiter l’espace fluvial sans en dénaturer l’aspect. Elle présente par ailleurs l’avantage de ne pas avoir à déposer de permis de construire et de ne pas être assujettie au respect de la réglementation thermique.
Une convention d’occupation pour une durée de 24 ans a été signée par la société avec le Grand Port Maritime de Bordeaux
Le bardage composé de piquets de vigne est un parfait rappel du symbole économique de la capitale française du vin.
En bateau, on s’y amuse
Les Bassins à flot sont devenus très tendance
Plusieurs lieux de vie diurnes et nocturnes se sont installés sur les quais des bassins, voire sont à flot. Certains bateaux ont été ainsi transformés en restaurant, bar, boîte de nuit comme c’est le cas de l’Iboat. Ancien ferry baptisé « La Vendée », construit dans les années 1960, il a relié le continent de Fromentine vers l’île d’Yeu de 1969 à 2005. D’abord désarmé, il a été plus ou moins laissé à l’abandon, jusqu’à ce qu’Emmanuel About (producteur de cinéma à Paris) et Frédéric Lebaupin, passionnés de bateau, décident de lui redonner vie. Ils l’ont découvert à Lorient et ont eu le coup de foudre. Il a jeté l’ancre au bassin à flot n°1 en 2009. L’aventure de l’Iboat a démarré en septembre 2011. Ce lieu pluridisciplinaire comprend une salle de concerts et un clubbing electro pointu, un restaurant avec deux bars terrasses, un espace événementiel et exposition et un chapiteau situé juste à côté du bateau : le Blonde Venus.
1, cours Henri-Brunet
Sur le même quai un peu plus loin, on retrouve la péniche-restaurant le Bistro Régent. Venu d’Aigues-Mortes, dans le Gard, le navire était déjà un restaurant du nom de Bateau Ivre. Le plus simple aurait été de le faire venir via le canal du Midi. Hélas, avec ses 39 mètres de long, impossible pour la péniche de franchir certaines sections du canal, avec des écluses à 30 mètres. C’est donc chargé sur un cargo, par la mer Méditerranée et le détroit de Gibraltar, qu’il a fallu convoyer pour acheminer la péniche à bon port. Une expédition de neuf jours qui aura nécessité d’importants moyens techniques et la détermination de Didier Mendez pour porter et réaliser ce projet.
Le Bistro Régent est un concept de franchises lancé par Marc Vanhove. Il a ouvert ses portes en 2015. Le principe est un menu unique proposant des produits frais : pièce de bœuf ou de magret, escalope de saumon, servis avec de la laitue et des frites fraîches à volonté. Le Bistro Régent s’est ouvert à l’évolution des attentes des consommateurs en adaptant ses produits phares à la tendance du cru (tartare de bœuf et tartare de saumon).
Quai Armand-Lalande.
Si l’on poursuit la déambulation, on peut embarquer à bord de la Dame (ex Dame de Shanghaï). Ancien pétrolier fluvial de 210 tonnes, le lieu a été créé en 2002 par Bertrand Delhomme, Jean-Dominique Gracia, Colum Stuart et Jean-Jacques Dupond, qui avaient déjà ouvert à Bordeaux, le Café Maritime. Il a été repris par Anthony Ringuet, le patron de l’Ibaïa et a rouvert le 28 avril 2016, sous le nom de la Dame, après plusieurs mois de travaux. Il propose une carte originale basée sur une fusion des saveurs avec des plats d’inspiration françaises, thaïlandaises, péruviennes, mais aussi japonaises. Les amateurs de cocktails ou de bons vins devraient y trouver leur bonheur. Les vendredis et samedis soir, le club propose une programmation musicale avec des artistes de renom.
1, quai Armand-Lalande.
Quelques termes marins
Les plus connus
Bâbord : côté gauche du bateau quand on regarde de l’arrière vers l’avant.
Tribord : côté droit.
Amarrage : action d’attacher un navire avec des cordes enroulées et fixées à des bollards (voir ci-dessous) placés sur un quai.
Bitte : pièce de charpente navale située à bord des navires pour permettre l’amarrage.
Dragage : action de curer avec une drague. Dans la Garonne, on drague la vase qui s’accumule à certains endroits par l’action des courants afin de permettre la navigation.
Poupe : partie arrière d’un navire.
Proue : partie avant.
Radoub : réparation, entretien de la coque d’un navire. Bassin.
Cale de radoub : cale sèche.
Les moins connus
Ber : charpente sur laquelle repose un bateau de faible tonnage en construction ou en réparation et qui épouse la forme de la coque (syn : berceau).
Bollards : pièce cylindrique, généralement en acier, à tête renflée, fixée sur un quai pour l’amarrages des navires.
Carène : partie immergée de la coque d’un navire.
Gréement : l’ensemble des cordages, manoeuvre de toutes sortes et autres objets servant à l’établissement, à la tenue ou au jeu de la matûre des vergues et des voiles.
Lamanage : opération d’amarrage d’un navire à quai.
Tirant d’eau : mesure verticale entre la surface de l’eau (la flottaison) et le point de la quille le plus bas sous l’eau.
Slipway : plan incliné avec un système de rails qui permet de haler les bateaux à sec.
Bibliographie
Les livres
– GENS DE MER, GENS DE RIVIÈRE en Gironde au XXe siècle, de Patrice Clarac, Éditions l’Harmattan. (Cet ouvrage est présent à la bibliothèque de Bacalan.)
Hervé Guichoux a beaucoup écrit sur le Port de Bordeaux et Bacalan, ses ouvrages et DVD sont juste consultables à la bibliothèque Mèriadeck.
Aux Éditions Pleine page (quelques ouvrages se trouvent encore à l’Amicale laïque de Bacalan).
– BACALAN-BEACH, autour des Bassins à flot de Bordeaux-Bacalan, de Pierre Cétois et Didier Périz.
– BACALAN STORY, la saga d’un quartier de Bordeaux de 1900 à nos jours, de Didier Périz.
– Abécéd’eau d’Aquitaine, de Didier Périz.
Les articles
– BACALAN, CAPITALE DE BORDEAUX, de Didier Périz, Le FESTIN n°44, janvier 2003, p.69 (article prémonitoire ?).
– Les ARCHIVES DU JOURNAL BACALAN, n° 34 – 47 – 48 et 50.
Billet d’humeur des pénichiers
Bonjour je m’appelle Blanche, j’ai six ans. Je suis née au village des péniches du bassin à flot. Mes parents ont acheté la leur en 2015, 9 mois avant ma naissance. Ces bateaux eux viennent d’un autre temps. On dit que la Griffe a plus de 100 ans… Anciens bateaux de travail, ils appartiennent à l’histoire d’une ville intimement tournée vers le fleuve. Notre bateau, nous l’avons soigneusement aménagé pour que notre petite famille puisse y vivre paisiblement.
Nous sommes Yoann, Brayan, Gaspard, Telma, Nemo, Archibald, Lou, Pierre-Alain, Armel … et la petite dernière Roxane qui a tout juste 20 jours. Nous sommes tous nés ici. Daphné notre aînée à 24 ans.
Nous avons tous grandi là, de manière invisible dans ce repli de la ville. Il y a encore 10 ans la fourrière municipale, située au pied des silos quai du Maroc, était la seule raison de venir se promener à Bacalan. Le quartier n’était alors qu’une grande friche, un terrain vague mettant à distance confortable le Bacalan de Bordeaux, comme une identité de la ville mal assumée. Nous avons grandi là parce que nos parents l’ont choisi. Vivre dans des maisons plus atypiques que marginales. Le bassin à flot n’était alors qu’une île paisible au cœur de la ville. Aujourd’hui ce mode de vie s’est largement installé dans les deux bassins. Plus de 200 personnes vivent plus ou moins à l’année sur leur bateau.
Depuis l’histoire vous la connaissez le quartier s’est largement transformé, très brutalement, sans doute trop vite. Aujourd’hui le port veut récupérer la darse dans laquelle nous vivons pour y amarrer un ‘port center’ ; un complexe d’une trentaine d’entreprises du nautisme autour du refit de Super yachts.
Vivre dans un bateau peut passer pour un privilège parce que les places ne sont pas nombreuses. Certains peuvent penser que nous sommes des happy few, mais c’est bien mal connaître les contingences inhérentes à la vie sur l’eau. Non, vivre sur un bateau ce n’est pas un luxe. C’est original, c’est rare mais c’est tout.
Moi blanche, j’ai 6 ans, je vois mes copains et leurs parents de classe moyenne, las de cette pression, contraints de vendre leur maison de peur de demain supporter des charges multipliées par deux. Je vois que la gentrification n’impacte pas que les plus modestes.
Depuis la proue de mon bateau je réfléchis en regardant passer hérons, martins pêcheurs, milans noirs. Chaque année je vois nicher les colverts et je ne comprends pas pourquoi on ne valoriserait pas comme au port du Havre les voiliers de transport avec lesquels les premiers sacs de café sont arrivés en France à la voile. Faut-il sauver les infrastructures du port ou sauver notre planète ?
Fabian La Bourdec, Richard Giacobetti, Marie Antunes
Habiter sur l’eau n’est pas toujours un long fleuve tranquille
Voici le retour des beaux jours et une nouvelle saison estivale à venir aux Bassins à flot.
La promenade tout le long du bassin 2 enfin prête, les bars et restaurants installent leur terrasse, mais s’est-on déjà posé la question de ce qui se passe sur l’eau ?
Eh bien, il y vit toute une communauté d’habitants (loyer habitation) ayant fait le choix d’un logement atypique, d’un mode de vie différent, de plaisanciers se préparant à un futur voyage… Ici règnent toutes les personnes représentatatives du champ social, la mixité y est de rigueur, l’entraide et la solidarité avec !
Il vous manque un outil ? Besoin d’aide ? il vous suffira de demander à votre voisine, à votre voisin et en votre absence la surveillance de votre bateau se fera spontanément !
Ici il y a toute une faune, plusieurs variétés de poissons, couples de hérons se promenant avec grâce sur les pontons, nombreux canards (notre dame est en pleine couvade), le milan noir dans les airs à la recherche de sa prochaine proie…
Aujourd’hui, tout ce petit monde subit de nombreuses nuisances de par les effets de la nouvelle activité naissante, chacun y va de ses décibels toute la journée, sept jours sur sept ! Les établissements « concerts » et guinguette « éphémère » semblent avoir du mal à respecter la législation en vigueur et ne semblent pas tenir compte de deux paramètres importants, l’EAU et le VENT, car oui, ici, tous les sons sont amplifiés.
Si vous souhaitez également voir les étoiles, ici « nada », c’est Versailles, de la tombée du jour jusqu’au lever ! À certains endroits plutôt deux fois qu’une avec une série de lumières verticales, puis une autre série derrière, de lampadaires quatre points dirigés autant sur la promenade que sur les bateaux. Et c’est sans compter les éclairages des vitrines, du cinéma, de l’écran géant de la prochaine guinguette et une partie des bureaux de Back Market qui restent parfois allumés toute la nuit et les week-ends tant qu’à faire. C’est quoi au fait leur concept ? Le recyclage ? Il paraît que la ville de Bordeaux fait un travail sur l’éclairage urbain… Ah bon !
Alors voilà, aujourd’hui je nous souhaite à toutes et à tous sur l’eau et à terre, de prendre conscience que ce bassin sans ses bateaux attirerait beaucoup moins le public, n’est-ce pas ? Et un lieu où persistent encore le lien social et les valeurs humanistes n’est-il pas un lieu précieux dont il faut prendre soin ?!
Marina Arestaray, résidente du port
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