À brûle-pourpoint avec Maryvonne
C’est à la Banque Alimentaire à Bacalan où elle travaille, que je l’ai rencontrée. Timide, elle se cache. Elle cultive la discrétion à merveille. Pour la « débusquer » il m’a fallu l’aide de Pierrette Castagné, chargée de la communication et celle de mes amis bacalanais du journal.
Ce n’était pas un entretien solennel, plutôt à la bonne franquette. Il ne pouvait pas en être autrement. Assis tous les deux sur un coin de banc ensoleillé, à l’écart du trafic des palettes sur le quai de débarquement, fi des courants d’air et du bruit ambiant, Maryvonne, très à l’aise dans ce lieu, me recevait chez elle. « Ils m’ont sauvée ici. » dit- elle, mais eux ils disent « Vous êtes notre mascotte, notre chou- chou ! », façon pudique de l’accueillir, de la protéger, au sein de cette famille de bénévoles au grand cœur. Il émane de Maryvonne une belle présence. Elle ne conçoit pas l’inaction. Sa principale motivation consiste à venir en aide à ceux qui sont dans la précarité.
Paroles de Maryvonne, je l’écoute :
« Je ne suis pas malade et tant que j’en ai la force, je continuerai à aider au maximum. Comme aînée de huit enfants, je n’ai pas eu d’enfance, j’ai aidé la maisonnée de mon mieux, les frères et les sœurs autour de moi, une douzaine à table. Je ne me suis pas mariée, toutes mes forces ont été vers les autres avec amour et constance. Chez le boulanger qui m’employait j’ai adoré vendre du pain, tout un symbole. Ma voiture m’a lâchée au bout de 30 ans et je me suis trouvée bien ennuyée de ne plus pouvoir faire les courses pour des personnes âgées sédentaires. » Elle vous dit cela avec un naturel sidérant accompagné d’un sourire.
Quel bain de jouvence, quel baume au cœur vous offrez Maryvonne, mais la discrétion n’est plus de mise aujourd’hui. L’œil de l’État vous a repérée. La Légion d’honneur que vous avez reçue récemment est le témoignage d’une profonde reconnaissance.
Chapeau bas Maryvonne, respect et affection.
Charles Coudret
Maryvonne Etchevers en trois points :
– Lors d’une visite à la Banque Alimentaire le 24 décembre 2020, la préfète a rencontré Maryvonne. Celle-ci, au lieu de préparer son réveillon, montrait énergie et enthousiasme pour aider les plus démunis. Suite à cette visite, madame la préfète la proposera à la Légion d’honneur qui lui sera remise en octobre 2021.
– Beaucoup de Bacalanais ont connu Maryvonne dans la boulangerie de la place Maran. À 83 ans, elle a pris sa retraite contre son gré, après 71 années d’activités professionnelles. Elle a aussi exercé le métier de femme de chambre pendant 14 ans après avoir travaillé dans une cantine scolaire.
– L’idole de Maryvonne est un footballeur international français qui joue à l’Atletico de Madrid cette année, après avoir quitté le Barça. Vous avez deviné ? C’est Antoine Griezmann !
Alain Mangini
Maryvonne, notre fourmi rayonnante
Pendant plus de 30 ans, telle une fourmi besogneuse, Maryvonne était présente tous les jours dans la boulangerie place Maran. Avec son sourire elle vous vendait le pain, le pain base de la nourriture terrestre, le pain signe profond du partage. Après s’être mutuellement remerciés « en vous souhaitant une bonne journée » disait-elle avec amabilité. Son activité ayant cessé, elle ne pouvait rester sans rien faire comme la cigale de la fable, mais Maryvonne est une fourmi. Elle a rejoint l’association Gargantua, pendant deux ans durant lesquels elle a assuré la plonge deux fois par semaine de 18h à 20h, toujours discrète et souriante malgré la lourdeur et la grosseur des faitouts. Ce n’était pas suffisant, il lui en fallait plus. C’est pourquoi elle travaille depuis cinq ans à la Banque Alimentaire pour trier les arrivages de fruits et légumes. Par tous les temps, à 89 ans, elle vient à pied de chez elle, trois kilomètres aller et retour, quatre jours par semaine. De plus, sans faire de bruit, quasi incognito, elle prend le temps de faire les courses pour les personnes qui en ont besoin. Avec tout le monde elle est aux petits soins.
Merci Maryvonne pour l’exemple du bénévolat que vous nous donnez. Votre bonne humeur, votre sens du partage et votre sourire sont les meilleurs messages que vous nous transmettez.
Denis Ségouin
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