L’évolution de notre quartier continue. Nous vous proposons de découvrir l’avenir des Bassins à flot avec les derniers aménagements prévus.
Vincent Maurin, notre maire adjoint, a accepté de nous recevoir pour évoquer les travaux en cours et à venir sur le secteur. Sur ce sujet, il nous informe que les habitants, associations et acteurs économiques seront conviés au Conseil de proximité des BàF qui se tiendra le 8 avril à 18h. Inscription à venir sur resa-participation.bordeaux.fr.
Dossier réalisé par : Frédérique Hoerner, Gérard Lefevre, Alain Mangini, Marjorie Michel.
Les toits en dents de scie des bassins à flot
Dans l’inconscient collectif, ce simple pictogramme évoque immédiatement une usine pas seulement par sa cheminée mais aussi par la forme de ses toits.
Bien que le quartier n’ait pas connu ce genre d’architecture, mais soucieux d’évoquer son passé industriel, le projet des bassins à flot a couvert un grand nombre de ces bâtiments avec ces types de toiture.
Leur origine remonte à la révolution industrielle en Angleterre au 19ᵉ siècle. Cette forme si particulière est appelée « shed », en français « toiture à redans partiels ».
Il s’agit d’une succession de toits à deux versants de pente différente, le plus court étant généralement vitré. Cela permettait de faire entrer la lumière naturelle du jour dans les ateliers, afin d’éclairer gratuitement, et en l’absence parfois d’électricité, ces immenses hangars qui ne possédaient pas de fenêtres et où travaillaient toute la journée les ouvrier(e)s.
La vitre verticale est orientée vers le nord afin d’offrir une luminosité constante. En effet dans l’hémisphère nord, la lumière du nord est la même toute la journée. L’autre côté, celui en pente, sera couvert et orienté vers le sud face au soleil, afin de garder l’intérieur de l’usine et les ouvriers à l’ombre.
Ombre et lumière sont les deux raisons qui expliquent la forme de ces toits d’usine.
Les formes de radoub
En 1869, le creusement du premier bassin à flot, relié au fleuve par deux écluses, fut ouvert le 20 octobre 1879 sans être terminé, ce qui se fit en 1882. Le deuxième bassin à flot fut réalisé entre 1906 et 1911. Les déblais transportés par wagonnets ont servi à combler la gravière de Bacalan. Toute cette partie gagnée sur le fleuve servira à l’implantation de chantiers navals et diverses industries. Les deux bassins furent équipés de refouleurs puissants, des machines aspirant le sable et la vase et les transportant dans les terrains vagues à l’ouest de Bacalan, par une série d’énormes tuyaux posés sur des chevalets. Les déblais du bassin n°1 étaient conduits dans la Palu, près des allées de Boutaut, ceux du bassin n°2 au-delà du boulevard Godard.
À partir de 1873, la forme de radoub n° 1 fut construite et la forme n° 2 à partir de 1906. Ces structures en pierre de taille étaient prévues pour recevoir les grands transatlantiques de l’époque. Les parois sont édifiées en escalier pour que les ouvriers puissent travailler sur l’ensemble de la coque.
La forme n° 1 a une longueur de 157 mètres (152 mètres entre les 2 portes), une largeur de 22 mètres. La forme n° 2 a une longueur de 110 mètres (107 mètres entre les 2 portes) et une largeur 15 mètres. Elles communiquent avec le bassin à flot par une porte mobile appelée bateau-porte. Quand un navire est reçu dans la forme, le bateau-porte est remis en place et l’on pompe l’eau en plaçant des accores : pièces de bois utilisées pour caler le bateau sur ses flancs. Au fur et à mesure, l’eau descend et la forme se vide permettant le positionnement du navire sur des tins ou des bers. Le bateau-porte étant défaillant, « un outillage provisoire de secours » fut mis en place. Un batardeau, manipulé avec une grue montée sur une barge assure l’étanchéité de la forme de radoub.
En 2017, après 20 ans d’inactivité, le renouveau du pôle naval des bassins à flot est annoncé pour accueillir du refit de yacht, de la réparation navale (paquebots fluviaux…) dans les 2 formes de radoubs réhabilitées.
Un cinéma UGC au sein du complexe Quai des Caps
L’UGC sera l’une des têtes de pont du complexe Quai des Caps. Les quatre nouveaux hangars – cap Leeuwin, Comorin, Bonne et Horn – accueilleront en plus du cinéma UGC (ouverture prévue début été 2021) : un bâtiment de bureaux avec des commerces en rez-de-chaussée, deux parkings de 420 et 70 places, un hôtel B & B de 120 chambres, une résidence hôtelière à vocation sociale de 130 chambres.
Les constructions de bâtiments sont réalisées par phases, avec la livraison du bâtiment Horn en dernier.
Trésors engloutis
En surface, on trouve bien sûr des bateaux, des péniches, des restaurants, des boîtes de nuit et même une soucoupe volante tant décriée. Bientôt, pourraient arriver des bureaux et de l’habitat flottant, des navettes… Sous la surface, c’est un monde invisible et parfois imprévisible que nous vous invitons à découvrir. Hormis la vase, les poissons et les déchets en plastique, certains pêcheurs ont trouvé et remonté sur les quais des objets métalliques surprenants. Armés de puissants aimants qu’ils jettent au hasard, ils ont récupéré, entre autres, une caisse avec quelques pièces anciennes, un vélo et, plus inquiétant, des armes à feu récentes… Mais le plus puissant aimant ne saurait remonter l’épave qui git près du parking des Bassins de lumière et de l’école du cirque. Il s’agit d’un navire anglais, construit entre 1942 et 1944, utilisé pour le débarquement en Normandie. Après de nombreux services rendus au port de Bordeaux, il est abandonné dans le bassin numéro deux et pillé. En prélevant des pièces de bronze, les voleurs créent une voie d’eau qui entraîne le LCT MARK de la Royal Navy au fond du bassin. Quelques tentatives de renflouage ont été tentées, sans réussite. On peut toujours apercevoir la guérite haute du bâtiment, aujourd’hui taguée.
Plaisanciers ou habitants des eaux : rien ne va plus !
Innovant dans certains domaines, le Port de Bordeaux n’excelle pas dans celui du dialogue avec ses occupants. C’est l’avis des représentants des associations d’usagers – AUBAF et Lagon bleu – confrontés à une décision unilatérale de la direction, d’augmenter de 70% les tarifs d’occupation du port de plaisance. Après plusieurs courriers restés sans réponse, les associations ont été contraintes d’entamer un recours gracieux pour contester formellement cette augmentation, motivée selon les dirigeants du port, par la « modernisation » des équipements*.
Le village des péniches également menacé
Les propriétaires de péniches stationnées dans le bassin N°1 ont été informés pour leur part, de leur migration prochaine et sans discussion vers le bassin N°2, bassin qui n’a pas la capacité d’accueillir la vingtaine de bateaux dans des conditions normales. Ils dénoncent la méthode. Ils dénoncent également le fait que le port n’honore pas ses obligations présentes en matière de réparation d’éclairage, de réparation d’effondrement de morceaux de quais, de mise en sécurité de coffrets d’alimentation électriques défectueux, ou d’autres réparations diverses. C’est pour eux d’autant plus inacceptable qu’une petite étude comparative réalisée par des membres du bureau de l’AUBAF montre que les tarifs d’occupation des péniches sont légèrement plus élevés aux Bassins à flot qu’au pont de l’Alma… au pied de la tour Eiffel !
Soutien aux usagers
Plus d’une centaine de propriétaires de bateaux ou de péniches ont décidé de saisir le tribunal administratif, car la navigation n’est pas seulement un loisir, mais, avant tout et pour beaucoup d’entre eux, le bateau est leur seul habitat. Or, sur l’eau comme sur terre, tout le monde n’est pas à même de supporter une augmentation de loyer de 70% ! Vincent Maurin, maire-adjoint de Bordeaux Maritime, a apporté son soutien aux associations le 26 janvier dernier, les assurant qu’il considérait les usagers concernés comme des habitants du quartier à part entière.
Il est assez savoureux de constater que la ville de Bordeaux a été retenue par l’État pour expérimenter le blocage des loyers, quand une institution sous tutelle de ce même État, le grand port maritime, applique des augmentations de 70% …
L’absence de dialogue va désormais trouver probablement son exutoire auprès des juges, ce que regrettent les intéressés. Mais ils ne veulent pas – ils le disent – être les victimes collatérales de l’inexorable chute du trafic portuaire, qui a reculé de 14,3% ces deux dernières années.
*voir journal Bacalan N°70
La boucle des Bassins à flot
Nous attendons tous la fin des travaux sur la plaque portuaire pour pouvoir faire le tour des bassins…
À ce jour le principe de cette promenade est souhaité par tous les acteurs et son trajet pratiquement fixé. Il sera possible de cheminer en bordure des bassins, sur les deux bassins excepté :
• côté Base sous-marine : la promenade serait alors bouclée par l’arrière, le long d’un jardin créé sur sa façade Nord.
• rive Nord du bassin N°1 qui sera réservée aux activités portuaires, maintenues et renforcées par la remise en service des formes de Radoub. La promenade passera par l’arrière : quai du Maroc et rue des Étrangers. Un parc à venir devant l’ancien bâtiment de Armi permettra un accès ponctuel au quai.
• à l’Est du bassin N°2 côté Base, le futur emplacement du poste à péniches dévieriait la promenade le long du quai Hubert Prom.
Côté cinémas, une promenade arborée sera livrée le long du port de plaisance en 2022.
Base sous-marine
Dans la Base sous-marine, seules quatre alvéoles sont utilisées par les Bassins de lumière, en délégation de service. Il en reste sept qui devraient faire l’objet d’un appel à projets. De nombreux candidats, du monde de la culture ou de l’économie, semblent intéressés.
La partie Nord de la Base, comprenant des bureaux en étage et des salles au rez-de-chaussée, reste municipale et permettra d’accueillir des expositions temporaires.
L’école du cirque doit quitter notre quartier pour s’installer près des Aubiers.
Derrière la Base
L’arrière de la Base sous-marine est prévu aménagé en parc arboré accompagnant la promenade de la plaque portuaire. Un groupe scolaire et des amégements sportifs y sont prévus. Au-delà se développera une zone d’activité artisanale, jusqu’à la distillerie.
Déplacements possibles
Le Village des péniches du bassin devrait migrer côté Base sous-marine. L’emplacement libéré sera réservé au Port et servirait pour l’entretien des bateaux de croisière. L’aire de carénage devrait rejoindre le Pôle Naval. L’idée est que le port rapatrie l’ensemble de ses activités sur le Bassin N°1 à proximité des formes de Radoub, et qu’il offre de l’espace public sur le Bassin N°2.
Halle sportive
Juste après le pont du Pertuis, en face du prochain cinéma UGC, une halle sportive va voir le jour. Une de ses principales activités sera le basket à trois. Ce site pourrait être équipé de gradins pour les compétitions. Cet équipement public aurait un usage mixte, ouvert au public. Les scolaires des écoles privées voisines ainsi que ceux de l’école Sempé toute proche pourront en profiter. Cette halle sera couverte et fermée le soir.
La remise en beauté de la grue Wellman
Sur une idée de Frédéric Foli, directeur commercial chez Adrenaline (entreprise d’alpinistes ouvriers) et habitant des Bassins à flot, une convention de mécénat a été signée entre la Métropole et Adrénaline, qui lui permet une libre exploitation de la grue contre préservation, maintenance et restauration du site.
Cette opération permet à l’entreprise de déduire fiscalement 60 % des frais engagés. Et la grue offre une hauteur idéale pour un site de formation et d’entraînement, couplé à un projet d’insertion sociale et de formation professionnelle pour les élèves volontaires du lycée Sainte-Famille Saintonge de Bordeaux. Le contrat est d’une durée de 5 ans, à la charge d’Adrénaline de la restaurer à ses frais (100 000 euros). L’installation de l’eau, de l’électricité, etc., restant à la charge de Bordeaux-Métropole.
Les travaux consistent à sécuriser l’ouvrage et à le nettoyer. Début 2021, la peinture de l’ensemble est programmée. Une fois rénovée, il faudra réfléchir à sa destination. La grue Caillard, à côté des formes de radoubs, pourrait elle aussi bénéficier d’un mécénat, qui permettrait de la sauver. À suivre…
Des navettes sur les bassins
À long terme, deux navettes sont prévues sur les Bassins à flot. La première amènera les passagers de l’arrêt du tram Cité du Vin jusqu’à la Base sous-marine. Pour cela, il passera sous le pont du Pertuis, ce qui ne gênera pas la circulation, le pont n’ayant pas besoin d’être levé.
La seconde traversera le bassin N°1 à flux tendu entre le musée mer marine et le quai Lawton, au niveau de I’I-Boat.
Nouveaux bateaux
Une zone de pontons flottants devrait voir le jour près de la soucoupe non volante. Des péniches s’y installeraient. Leur vocation serait artisanale, artistique, culturelle, voire commerciale. Pas d’établissement de nuit ni de restauration.
Armi
Le bâtiment de l’ancienne entreprise Armi devrait être conservé pour réemploi car il possède notamment un pont roulant en bon état. Toutefois, il devrait être réduit d’un tiers pour dégager un espace vert ainsi que la vue sur les bassins depuis le musée mer marine. Un opérateur privé serait nommé et travaillerait avec le Port de Bordeaux sur l’entretien et la réparation des bateaux. Ceci va dans le sens de la continuité historique de l’activité portuaire et du développement durable avec le réemploi des bâtiments plutôt que des opérations de démolitions / déconstructions.
Le H36
Le bail de l’ancien établissement de nuit Le H36 n’a pas été renouvelé par le Port de Bordeaux, ce dernier envisage de conserver le site et le bâtiment pour le Pôle naval.
Les sentes
Au coeur des Bassins à flot, priorité fut donnée aux « mobilités douces » pour mettre le piéton en son centre. Ce choix dicte l’organisation et le dessin de ce nouveau quartier. Perpendiculaires aux bassins, les sentes relient le secteur des Chartrons aux bassins puis au Bacalan historique. La dénomination des sentes, au nombre de 15 plus un passage, est établie à partir d’éléments liés à l’histoire du port de Bordeaux : métiers de la marine, lieux d’outre-mer, noms de bateaux, etc. Réservées aux vélos et aux piétons, ces derniers y sont prioritaires. Les BàF, ce sont 16 hectares de plan d’eau, 1,5 km de promenade autour des bassins, 3,5 km de sentes. De tailles et géométries variables, prévues pour le passage des véhicules de secours, elles sont conçues en fonction de leur contexte immédiat. Chaque espace développe une ambiance particulière conçue en fonction de l’ensoleillement. Les noues (anciennement noë) sont une sorte de fossé peu profond et large, végétalisé, avec des rives en pente douce, qui recueillent provisoirement l’eau de pluie et limitent le ruissellement ou la stagnation de l’eau.
Conçues avec des paysagistes, elles répondent toutes à un code couleur et olfactif. Chaque plante et arbuste est choisi pour créer un ensemble harmonieux, et assurer une diversité végétale remarquable par une floraison la plus durable possible.
Ces mini-espaces verts contribuent aussi à la préservation de la biodiversité.
Autour de la rue de Ouagadougou
Tout d’abord, une certitude : un nouveau groupe scolaire va voir le jour à la rentrée prochaine entre les rues Delbos et Ouagadougou. Suivant une proposition du Conseil Municipal des Enfants, cette école de 14 classes élémentaires et maternelles devrait s’appeler Modeste Testas, du nom d’une esclave affranchie par un négociant bordelais avant la fin de l’esclavage en République Dominicaine. Les travaux du gymnase attenant ont déjà commencé.
Un espace associatif devrait voir le jour à l’angle des rues Henri Salmide et Ouagadougou, tout près de la place Pierre Cétois, à l’horizon 2025-2026. Cet espace qui accueille aujourd’hui un parking* va faire l’objet d’une concertation avec les habitants, les associations et les scolaires proches afin de déterminer quel programme de co-construction établir avant sa construction dans quelques années.
L’idée de ce projet est de le programmer avec les nouveaux habitants des Bassins à flot (qui n’ont pu participer à aucune concertation encore sur le quartier) et les écoliers du nouveau groupe scolaire. Pour ce faire, Nicole Concordet, architecte chargée de la consultation, va proposer un bâtiment expérimental et provisoire sur cet emplacement, dans lequel auront lieu les ateliers de concertation. L’expérimentation tournera autour de la création de parpaings en vase de la Garonne.
*Précision : le parking actuel est provisoire, pour les chantiers en cours, le parking des résidents se situe derrière.
Place Alice Girou
Les travaux du tunnel sous la Garonne étant à l’arrêt suite à une voie d’eau survenue en janvier 2020, la place ne peut être finalisée tant que la brèche ne sera pas colmatée. En attendant, la mairie a demandé le début de l’aménagement de la place. Le restaurant Le Jardin-Pêcheur prévoit d’installer un manège pour enfants qui serait animé par des personnes handicapées. Une oeuvre d’art pourrait également y être installée.
L’ancienne école Lucien Faure
Actuellement occupée par l’US Chartrons qui s’installera prochainement dans ses locaux refaits de la place saint-Martial, cette ancienne école maternelle ne deviendra pas la Mairie de quartier comme projeté par l’ancienne municipalité. La Mairie de quartier restera à Bacalan. Par contre, un pôle municipal y sera installé avec agents de proximité, d’état civil ainsi qu’un pôle petite enfance. Une salle municipale de près de 80 places sera créée sur ce lieu. Un bureau de la police municipale pourrait aussi y être installé. Tous ces aménagements se feront après une rénovation des locaux.
Complément du dossier central du n°72
La remise en beauté de la grue Wellman
La grue Wellman, installée près du pont du Pertuis, est arrivée à Bordeaux dans un lot de 17 grues en 1947 au titre des dommages de guerre dans le cadre du plan Marshall. Elle doit son nom aux ateliers anglais Wellman-Booth de Leeds dans lesquels elle a été fabriquée. Après quarante ans de bons et loyaux services à Bassens, elle arrive à la fin des années 80 sur les quais des Bassins à flot où elle œuvrera encore durant une dizaine d’années. La Ville en est devenue propriétaire en 1988. Quatre ans plus tard, c’est au tour de la grue Caillard, qui trône près du pont tournant, de rejoindre le giron municipal. Cette dernière est sortie des usines havraises de l’industriel Caillard. Les deux grues sont inscrites au titre des monuments historiques depuis 2014. Malgré ce classement, elles étaient livrées aux intempéries, aux assauts chimiques et corrosifs des fientes d’oiseaux et faisaient grise mine.
Une convention de mécénat
Jusqu’au jour où Frédéric Foli, directeur commercial chez Adrenaline, entreprise d’alpinistes ouvriers, s’installe dans une résidence avec vue sur les Bassins à flot et sur les grues en 2016. Lors d’un conseil de quartier, animé par Nathalie Delattre, alors maire de quartier, le devenir de ces ouvrages est abordé. Qu’en faire ? Chaque démantèlement coûterait la bagatelle de 800 000 euros, difficilement envisageable. C’est à partir de ce moment-là que germe l’idée dans la tête de Frédéric Foli de proposer leur contribution. Après discussion, une convention de mécénat est signée entre la Métropole et Adrénaline qui permet une libre exploitation de la grue contre préservation, maintenance et restauration du site.
L’intérêt de cet accord pour la Métropole est facilement compréhensible mais quel est-il pour Adrénaline ? Le principe du mécénat, d’abord, lui permet de déduire fiscalement 60 % des frais engagés. Et surtout leur activité de cordistes nécessite une formation et un entraînement régulier, la grue leur offre ainsi une hauteur idéale pour cela. Mais l’intérêt de cette opération ne s’arrête pas là, elle permet aussi de proposer un projet d’insertion sociale et de formation professionnelle aux élèves volontaires du lycée Sainte-Famille Saintonge de Bordeaux.
Le contrat est d’une durée de 5 ans, à la charge d’Adrénaline de restaurer à ses frais la grue (pour un budget estimé à 100 000 euros), l’installation de l’eau, de l’électricité et leurs coûts restant à la charge de Bordeaux-Métropole.
Deux containers ont été installés au pied de la grue, dont un est dévolu à une salle de classe. Les travaux qui ont commencé, consistent à sécuriser l’ouvrage et ses abords, à remplacer les vitres cassées par du polycarbonate, à nettoyer le guano des oiseaux qui avaient vu en la grue un nichoir idéal. Le tout a été sablé et hydro-décapé. Prochaine échéance, début 2021, la peinture de l’ensemble est programmée, elle devra respecter la couleur d’origine sous le contrôle de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles).
Une fois que l’ensemble sera rénové, il faudra réfléchir à sa destination. Des idées ont déjà germé (une chambre atypique, un bar avec terrasse en relation avec l’Iboat voisin, un lieu muséographique, …) le débat reste ouvert et pourquoi pas inscrire le projet dans un budget participatif. Tout reste à imaginer. La grue Carlier pourrait elle aussi bénéficier d’un mécénat, qui permettrait de la sauver, c’est envisagé. A suivre…
Marjorie Michel
Un cinéma UGC au sein du complexe Quai des Caps
Fin 2011, le Grand Port de Bordeaux, propriétaire des Bassins et de leurs abords, avait lancé un appel à candidatures pour la transformation d’une parcelle qui comprenait un hangar et un terrain mitoyen (l’ex-Hangar 28). Après consultation, un comité technique, qui réunit des membres du port, de la Ville, de la CUB (ex Bordeaux Métropole) et de l’agence de l’architecte Nicolas Michelin, a retenu la proposition d’un groupement, dont fait partie la Somifa, une filiale du groupe Fayat. Ce promoteur prévoyait sur ces terrains l’aménagement d’un cinéma. L’option a séduit les collectivités, et le Port lui-même, dont le conseil de surveillance a validé le choix du comité technique. Feu vert, donc, pour ce projet tourné vers le septième art.
Le 18 septembre 2012, Guy Verrechia, le PDG d’UGC, rencontre Alain Juppé à Bordeaux. Son groupe est en effet très intéressé par le projet des Bassins à flot et veut y implanter un multiplexe de neuf salles. Si le projet aboutit, cet équipement permettra de rééquilibrer l’offre en cinémas à l’échelle de l’agglomération : les salles obscures sont concentrées dans le centre de Bordeaux et le sud de l’agglomération (Mérignac, Talence, Bègles, Pessac…). Pas de cinéma pour l’instant dans tout le nord de Bordeaux (Chartrons, Le Lac, Bacalan). Objectif : une ouverture en 2017…
Le 24 septembre 2013, l’information est confirmée, il y aura bien un cinéma aux Bassins à flot. Une convention d’occupation du domaine public est alors signée entre le Port de Bordeaux, propriétaire, et la Somifa qui sera alors locataire, et qui sous-louera l’édifice qu’elle va construire à un exploitant de cinéma. Lequel sera vraisemblablement la société UGC. Hugues Borgia, directeur du développement à UGC, précise que la création de ce complexe viendra en complément de l’UGC Ciné Cité de Gambetta.
C’est à l’unanimité, moins l’abstention du Conseil général, que les membres de la Commission départementale d’aménagement commercial, ou CDAC, réunie le 28 août 2014 à la préfecture, ont donné leur feu vert à la création d’un multiplexe UGC Ciné-Cité aux Bassins à flot.
A cette étape, le chantier était prévu pour durer seize mois, mais ne devait démarrer que lorsque l’UGC aurait l’assurance que le quartier ne serait plus un chantier à ciel ouvert et aurait accueilli ses premiers habitants.
L’autorisation donnée par la Commission nationale d’équipement cinématographique (Cnac), en février 2015 fait l’objet de deux recours devant la cour administrative d’appel de Bordeaux. Sans surprise, les opposants sont les réseaux indépendants concurrents (Utopia CGR et Artec), l’association des cinémas de proximité de Gironde, les municipalités voisines d’Eysines et Blanquefort. Ces dernières craignent, comme les opposants à Langon, pour leurs propres salles.
En juillet 2017, c’est officiel, les 13 salles de cinéma au bord des Bassins à flot verront le jour : le dossier emmené par UGC mais aussi par les promoteurs Fayat et Pitch est désormais purgé de tout recours. Ses opposants, les salles concurrentes ont jeté l’éponge et les villes, exploitant des écrans municipaux, ont choisi de négocier avec UGC un accès décent aux copies des films. Le délai de recours sur la dernière décision de la cour d’appel validant le projet est épuisé.
Novembre 2020, la direction de l’UGC l’assure dans « Sud Ouest » : » Notre volonté d’ouvrir un multiplexe aux Bassins à flot n’a jamais été remise en cause, simplement retardée par l’arrêt des travaux au moment du premier confinement. Mais nous gardons le cap pour ouvrir, si tout se passe bien, fin mai ou début juin 2021 « .
Le nouvel écrin du groupe UGC sera l’une des têtes de pont du complexe Quai des Caps, quatre îlots développés par le tandem de promoteurs Fayat et Pitch, de la place Pertuis à la place Latule.
Les quatre nouveaux hangars – cap Leeuwin, Comorin, Bonne et Horn – accueilleront en plus du cinéma UGC :
- un bâtiment de bureaux avec des commerces en rez-de-chaussée
- deux parkings de 420 et 70 places
- un hôtel B & B de 120 chambres
- une résidence hôtelière à vocation sociale de 130 chambres
Ce sera 16 000 m² de bureaux et 9 570 m² de commerces seront construits. La promenade entre le port de plaisance et les bâtiments est en train d’être aménagée. Les constructions de bâtiments sont réalisées par phases, avec la livraison du bâtiment Horn en dernier.
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