La Compagnie Apsaras présente sa nouvelle création
AU BOUT DU ROULEAU
écrit et mis en scène par Henri Bonnithon
Avant d’écrire cet article, d’en donner mon ressenti après « la première », j’ai questionné Henri sur le cheminement de son projet, des prémices à la réalisation.
– à quand remonte ce projet d’écriture ?
– et la décision de monter la pièce ?
– combien y a-t-il eu de répétitions ?
Voici sa réponse :
« A l’origine, ce texte a jailli il y a une dizaine d’années. De temps à autre, je le sortais pour le lire et le rangeais promptement car je ne savais pas quoi en faire. Il était long, trop personnel, inavouable. Il y avait aussi beaucoup de digressions, de commentaires sur la vie, la société, les rapports humains à foison ! Je n’arrivais pas à accepter ce fatras de paroles ou des personnages dialoguent et dans le même temps monologuent, sans vraiment de logique; est-ce pour eux même? entre eux? pour les autres? Finalement, depuis deux ans, avec les comédiens nous nous sommes vus quelques jours par mois (en tout une trentaine de jours) pour élaguer, couper, réécrire certains passages, faire du silence, tenter d’inventer ce qui n’est pas dit mais ce qui se vit entre les mots et découvrir le dessous ou l’envers des mots, et peut-être réaliser ce que l’on appelle une écriture scénique ou une mise en scène. »
A le lire, on sent la sensibilité, la ferveur, les doutes aussi qui accompagnent chaque instant. On pourrait appeler cela le courage d’entreprendre avec pugnacité. Il faut de la persévérance, de l’humilité pour accepter de modifier le texte initial en prenant en compte les avis de tous. Il peaufine, allège, améliore, afin que le rythme demeure dans un souci de vérité théâtrale, allant même jusqu’à présenter des extraits de la pièce à un public cobaye parfois très critique, une espèce de « rushes » pour voir, ressentir ce que ça donne. Inédit et courageux certes – on se rapproche des techniques du cinéma.
Très astucieuse mise en scène avec la simulation de flash-back. Le fil de l’histoire se déroule, la violence est toujours présente, atténuée, retenue, s’immiscant au milieu des amours contrariés. Trio classique – l’homme, sa femme, sa maîtresse – A notre époque où le permissif s’érige en règle, on ne peut pas s’affranchir aussi librement que l’on imagine des sentiments majeurs. Le désir, la pulsion, l’amour, (ce qui en reste) tracent des voies profondes quasiment inoubliables.
Les comédiens sont parfaits dans leur jeu, servant au mieux un texte qui percute, jeu, doublé d’une véritable performance physique remplissant tout l’espace. On croît très fort à leurs tourments au point de les vivre et de les partager. A la fin du spectacle, le rideau tombé, quand ils viennent tous trois, côte à côte, saluer le public, j’ai éprouvé alors un bonheur jubilatoire de les voir « réconciliés » tellement j’y avais cru, pendant… – magie du théâtre –
Quel grand plaisir de pouvoir profiter de cette création à Bacalan. C’est peut-être là notre excellente façon d’être des « irréductibles ». Allez-y vite aujourd’hui et samedi 6 avril à 20h30 au Garage Moderne 1 rue des Etrangers.
Le Charles
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