J’ai choisi de vivre aux Bassins à flot pour la présence imposante et magnétique de l’eau. Et la véritable petite ville qui sort brutalement de terre sous nos yeux deviendra probablement, en dépit d’imperfections et d’erreurs, un endroit exceptionnel où il fera bon vivre.
Enfoui à jamais le souvenir d’une vie portuaire jadis effervescente, déjà oubliée la période, poétiquement forte et triste, des trente années qui ont suivi la fin d’exploitation. Remisés aux oubliettes les rêves de forêts, d’expansion bacalanaise, de friches assumées… La ville a horreur du vide. Et ici, son projet est radical : faire table presque rase du passé sans pour autant attenter à l’esprit des lieux. Certes, il y a toujours trop de béton, trop de promiscuité dans une ville mais les Bassins se tiennent là, au milieu, et font peau neuve.
C’est une urbanité originale qui s’invite dans de nouvelles architectures -dont certaines sont belles et audacieuses- jusqu’au pied des derniers vestiges du monde ancien à protéger comme la prunelle de nos yeux. Jugeons-la au mouvement en marche, sans angélisme, sans préjugé et surtout sans crainte.
Les Bassins à flot ont toute leur place dans le périmètre Unesco inscrit sous le nom de « Bordeaux, port de la Lune ». Ils constituent en effet -hormis les quais- le dernier ensemble cohérent et aisément ré exploitable que la ville de Bordeaux conserve de son riche passé portuaire. Au point que le Port y lance un pôle de réparation légère. Le quartier s’apprête à accueillir de nouveaux sites touristiques et culturels phares. Il abrite déjà un peuple plaisancier, un peuple marinier, un peuple estudiantin…. Quelle chance ont les nouveaux arrivants de déposer leur bagage ici ! Les Bassins à flot ne sont ni un tapis volant ni une simple page publicitaire ! Et puis, dans la continuité, il y a les places et rues aérées de Bacalan, son romantique parc écologique des Berges de la Garonne, ses futures cités jardins… Il y a surtout son histoire, ses figures, sa culture associative ancienne… Mieux qu’un « Bacalan-Village » à côté d’un « Bacalan-Plage », j’espère, je milite pour.
J’ai posé mon baluchon ici par amour des lieux et avec des rêves à partager comme celui d’un canal navigable reliant le Lac de Bordeaux à la Garonne via les Bassins…. Alors si vous le voulez bien, à défaut de la vague, prenons le flot ensemble !
Jacques Lacroix, nouvel habitant du quartier
Chiche, à quelle heure est la marée?